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MINISTERE DE L’EDUCATION ET DE LA FORMATION
UNIVERSITE DE PEDAGOGIE DE HO CHI MINH-VILLE
________________________
Réalisé par
Lê Minh Tuấn Lâm
INTRODUCTION DE L’INTERCULTUREL
DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE
DU FRANçAIS LANGUE VIVANTE 2
A L’UNIVERSITE DE AN GIANG
MEMOIRE DE MASTER
DIDACTIQUE DU FRANÇAIS LANGUE ETRANGERE
CODE : 60.14.10
Sous la direction de
Madame Nguyễn Thị Uyên
Ho Chi Minh ville
2006
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer toute ma gratitude envers ceux qui
m’ont aidé à mener à bien ce mémoire.
En premier lieu, je tiens à remercier tout
particulièrement Madame Nguyên Thi Uyên pour ses précieux
conseils et encouragements tout au long de ce travail de
recherche.
Mes remerciements vont également à mes professeurs
de français de l’Université de Pédagogie de Hô Chi Minh
Ville et de l’Université de Cân Tho qui m’ont fourni des
documents utiles.
Je suis redevable aussi à mes collègues, mes étudiants
pour leur collaboration enthousiate dans l’exécution de notre
enquête.
Enfin, je tiens à exprimer toute ma reconnaissance
envers ma femme pour son encouragement et de soutien
précieux.
SOMMAIRE
INTRODUCTION…………………………………………………………………... 4
CHAPITRE I: CADRE CONCEPTUEL …………………………………………
9
1. LA RELATION ENTRE LA LANGUE ET LA CULTURE……………
10
2. LA CULTURE DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DES
LANGUES ÉTRANGÈRES……………………………………………….. 12
3. L’INTERCULTUREL…………………………………………………….
17
4. PROPOSITIONS DU CADRE EUROPENNE COMMUN DE
REFERENCE POUR LES LANGUES : FORMER LA CONSCIENCE
INTERCULTURELLE………………………………………………………
24
CHAPITRE II: CONSTITUTION DU CORPUS ET TRAITEMENT DU
CORPUS…………………………………………………………………………….
33
1. PRÉSENTATION DU CORPUS……………………………………….
34
2. SYNTHÈSE ET COMMENTAIRE……………………………………..
51
CHAPITRE III: RÉFLEXIONS PÉDAGOGIQUES POUR UNE APPROCHE
INTERCULTURELLE………………………………………………………………
53
CONCLUSION……………………………………………………………………… 63
INTRODUCTION
1. CONSTATATIONS ET MOTIVATIONS
Durant mon travail à l’université, j’ai l’occasion de communiquer avec des
enseignants étrangers. Au début, je ne comprenais pas très bien ce qu’ils voulaient
dire. Avec le temps, je me suis aperçu qu’il me manquait des connaissances sur leur
culture et sur eux-mêmes.
Mes collègues, dans des contacts avec des enseignants étrangers, sont arrivés
aux mêmes remarques.
Les francophones peuvent dire: « comment-allez vous ? », les Anglophones:
« how are you ? ». C’est une question sur la santé mais en réalité c’est une forme de
salutation. On peut voir le même phénomène chez les Vietnamiens qui, pour saluer,
disent : “où allez - vous ?”. Les réactions linguistiques sont différentes selon les
peuples. Par exemple, à un compliment, un Français peut dire « merci », un Anglais
« thank you ». Quant aux Vietnamiens, ils essaient de refuser ou de minimiser les
louanges.
Des questions sur la vie privée de quelqu’un est un signe d’intérêt que nous
accordons à celui-ci. Ceci sera pris par un Occidental comme une curiosité mal
placée.
Chez les Vietnamiens, le riz est l’élément essentiel dans tous les repas, ainsi
le repas est dit “le repas du riz” (bửa cơm). En français, un Vietnamien risque de
dire : “à midi je rentre chez moi pour manger du riz”. Cette phrase est
incompréhensive pour les Français au premier contact.
La façon de se positionner dans l’espace des deux communautés Françaises
et Vietnamiennes est aussi différente - par exemple les Vietnamiens disent « trên
trời » « trên truyền hình », « trên cây ». Les Français diront plutôt « dans le ciel »,
« à la télévision », « dans l’arbre ». Les débutants se trouvent très déroutés devant
ces non correspondances qui ne sont pas d’ordre grammaticales mais plutôt
culturelles.
De nos jours, la culture était et sera un thème très préoccupant dans les
programmes d’activité des nations et des associations de la région et du monde
entier.
Le statut numéro 56/6 du 21/11/2001 de L’ONU présente un programme
d’action pour renforcer la coopération culturelle et l’entretien entre différents pays.
Au Congrès des ministres de la culture dans les pays asiatiques-européens,
au début de septembre 2003 à Pékin, en Chine, et plus récement, à la Conférence
ASEM-5 à Hanoi du 8 au 9 Octobre 2004, les présidents des pays asiatiques et
européens ont insisté sur le rôle important de la culture dans la constitution des
relations dans la paix, l’amitié et la coopération pour le développement des deux
continents.
Le renforcement des échanges culturels et des entretiens d’aujourd’hui est
non seulement la responsabilité des dirigeants, mais aussi de tout citoyen. Le
formateur doit y voir une part de responsabilité, surtout l’enseignant des langues
étrangères.
À l’heure actuelle, nous avons la politique d’ouverture et d’échange
économique avec plusieurs pays dans le monde. Dans les provinces et les villes du
Sud, y compris An Giang, nous tendons vers une coopération ouverte avec les pays
voisins comme le Laos, le Cambodge… et les pays de l’Associaton des nations de
l’Asie du sud-est. Ainsi, l’ouverture et la compréhension des cultures étrangères
deviennent vraiment un besoin urgent de tous ceux qui apprennent une langue
étrangère.
Toutes ces constatations orientent mes préoccupations professionnelles et
motivent la présente étude.
2. OBJECTIF GLOBAL DE LA RECHERCHE
L’objectif de la présente recherche visera avant tout à chercher à comprendre
le rôle des éléments culturels et de l’interculturel dans l’enseignement/apprentissage
des langues étrangères. En second lieu, cette étude cherche à comprendre les
opinions, les points de vue de l’enseignant et de l’étudiant sur l’interculturel pour
l’enseignement/apprentissage des langues étrangères.
Ce serait pour nous l’occasion de redéfinir notre position éducative et de
trouver une orientation didactique adéquate pour la formation initiale et celle du
formateur des langues étrangères de nos jours.
Les constatations et les motivations précédentes ainsi que l’objectif fixé nous
ont conduit à nous poser un certain nombre de questions de recherche.
3. QUESTIONS DE RECHERCHE
Dans le cadre de notre mémoire, nous essayons de chercher à comprendre
l’interculturel dans l’enseignement/apprentissage des langues étrangères.
- Qu’est-ce qu’est l’interculturel ainsi que la problématique interculturelle et la
compétence interculturelle dans l’enseignement/apprentissage des langues
étrangères ?
- Est-il nécessaire de les introduire dans l’enseignement/apprentissage des
langues étrangères ? et comment les introduire ? Quelles pourraient-être les
difficultés rencontrées et les solutions appropriées ?
- Quelle pourrait être sa contribution à l’éducation et à la formation dans la
nouvelle phase de développement du pays en vue d’une intégration au monde
moderne ?
4. ÉTAPES DE LA RECHERCHE
Notre présent travail de recherche se composera de trois chapitres.
Le premier chapitre sera exclusivement consacré au cadre conceptuel. Il sera
basé sur l’étude des ouvrages et articles des experts en la matière.
En ce qui concerne le deuxième chapitre, nous constiturons un corpus partant
de l’objectif global et des questions de recherche.
Le dernier chapitre sera consacrée aux réflexions pédagogiques tenant
compte de l’interculturel dans l’enseignement/apprentissage des langues
étrangères : l’enseignement de l’enseignant, l’apprentissage de l’étudiant et la
formation du formateur. Par des réflexions personnelles, nous espérons amener les
institutions vietnamiennes à s’interroger sur les perspectives éducatives dans le
cadre de la réforme actuelle de l’enseignement et en particulier de la formation
universitaire.
CHAPITRE I
CADRE CONCEPTUEL
1. LA RELATION ENTRE LA LANGUE ET LA CULTURE
La langue est porteuse de manières de penser qui imprègnent la vie de tous
les jours de ceux qui la parlent comme locuteurs natifs. Le contact avec une langue
étrangère est ainsi un contact avec une culture différente de la sienne. Cela peut être
pour un apprenant une source d'étonnements, auxquels il ne trouve pas de réponse,
voire de malentendus, mais aussi l'occasion d'une riche réflexion sur les
rapprochements ou les écarts entre sa culture et celle que véhicule la langue qu'il
étudie.
Selon M. Byram (1992 : 63), il y a trois fils conducteurs interdépendants dans
l’ensemble de l’enseignement des langues : l’expérience de la langue en tant
qu’outil de communication, l’appréhension de la nature de la langue, et l’étude des
cultures.
L’enseignement du français devrait donc intégrer tous les outils nécessaires
servant à une vraie communication. Par exemple dans la première leçon de français,
l’enseignant devrait expliquer comment les Français distinguent “bonjour/bonsoir”
ou “tu/vous” et les faire distinguer aux apprenants. M. Byram (1992 : 18) précise
ainsi que “les mots d’une langue étrangère renvoient à des significations à
l’intérieur d’une langue donnée, créant ainsi une relation sémantique que
l’apprenant doit comprendre”.
D’après C. Kramsch1, il existe trois types de liens, entre l’enseignement de la
langue et de la culture :
Liens universels : l’enseignement des langues est lié à la transmission de la
culture.
Liens nationaux : l’enseignement des langues peut être asservi à des intérêts
étroitement politiques, et devenir ainsi un instrument d’intégration ou d’assimilation
à une communauté nationale donnée.
1 C Kramsch (1995 : 56-58) cité par Phạm Anh Tú, Mémoire de DEA, p.8
Liens locaux : l’apprentissage de la culture vise davantage à satisfaire à des
besoins locaux et des locuteurs appartenant à une communauté précise dans le cadre
de situations de communication déterminée.
1.1. La langue et le décodage des éléments culturels.
La question se pose maintenant différemment : la langue est-elle véhiculée
par la culture ? Autrement dit, serait-on capable d’appréhender la culture sans
éléments linguistiques ? La réponse nous semble positive car les connaissances
culturelles peuvent être acquises à la méconnaissance, totale ou partielle, de la
langue du pays en question. Un Vietnamien non francophone arrive à répondre sans
problème que Paris est la capitale de la France,… Pourtant la compétence culturelle,
plutôt interculturelle, dépend pour une large part de la maîtrise de la langue. Les
didacticiens s’accordent que l’appréhension de la compétence culturelle dépend
absolument de la langue considérée comme instrument. À un niveau élevé,
l’intervention de celle-ci est appelée pour le transcodage des éléments culturels.
1.2 L’interdépendance de la langue et de la culture.
M. Byram (1992 : 42) a précisé, “L’enseignement des langues, contribue et a
toujours contribué à l’éducation personnelle des apprenants, à la fois en leur
permettant de mieux se connaître, et de mieux connaître les autres… Ce point est
profondément linguistique, car les apprenants en tant qu’individus et êtres sociaux
sont des animaux parlants. Il est aussi profondément “culturel” car la langue et la
culture sont inséparables. Ainsi quand ils apprennent quelque chose sur le langage,
ils apprennent à utiliser une nouvelle langue, ils apprennent à communiquer avec
des individus participant d’une autre culture”.
Nous centrons notre étude sur la prise de conscience de la culture étrangère
dans le contexte où l’enseignement des langues, dans sa visée communicationnelle,
oblige à transmettre aux apprenants les moyens d’utiliser une langue étrangère.
Cette utilisation se réduit pour l’essentiel à établir un contact social avec les gens
issus d’une autre culture en fournissant à l’apprenant une analyse descriptive de la
culture en question et en l’aidant à passer de l’observation de la culture de l’autre à
l’appréciation du mode de vie étranger. La curiosité culturelle qui se manifeste dans
sa volonté d’apprendre une culture étrangère est susceptible d’être interprétée plus
radicalement comme une attirance pour une autre culture.
2. LA CULTURE DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DES
LANGUES ETRANGERES.
La culture entre pour une bonne part dans les motivations pour
l'apprentissage d'une langue étrangère : en effet, on apprend certes le français pour
des besoins scolaires ou avec une visée pratique, par exemple pour les échanges
commerciaux, pour le tourisme, etc., mais aussi pour accéder à la culture française,
que celle-ci prenne la forme, classique, de la littérature, ou, moins conventionnelle,
de la mode ou de la gastronomie par exemple.
D'autre part, l'apprentissage d'une langue étrangère est le lieu obligé d'une
rencontre avec l'Autre, avec une culture différente : “Les langues sont des
disciplines scolaires qui incarnent, par leur nature même, la présence de l'étranger.
Elles sont orientées vers lui, l'intègrent dans la classe et obligent à faire à l'altérité
sa place nécessaire.” (M. Abdallah-Pretceille, L. Porcher, (1996: 105)).
2.1. La prise en compte de la dimension culturelle à travers les méthodes.
La question de la culture est donc centrale pour l'enseignement/apprentissage
des langues. Cette dimension culturelle a connu une prise en compte variée dans
l'enseignement/apprentissage du F.L.E. : en effet, on est passé d'un enseignement de
la civilisation complémentaire à l'enseignement de la langue, relégué en fin de
manuel, au dernier niveau d'apprentissage de la langue, à un enseignement de la
culture à part entière, introduit dès la première unité du cours.
Toutefois, avant de retracer les différents traitements de la civilisation/
culture opérés par les principaux courants méthodologiques du F.L.E., il convient
de faire un bref historique sur les notions de civilisation et de culture.
2.1.1. Civilisation / culture : définitions
Le terme culture apparaît chez les Romains au sens matériel et technique de
mise en valeur des champs. Puis, il désigne la culture de l'esprit (Cicéron parle de
« cultura animi »), c'est-à-dire un effort individuel de formation de l'esprit.
Civilisation aurait été introduit dans la langue française par Mirabeau (père)
dans son Ami des hommes ou Traité de la population, en 1756, pour désigner “un
processus de perfectionnement des rapports sociaux et des ressources matérielles”.
Le terme civilisation (avec son suffixe - ation connotant une action, une réalité
évolutive, un processus transformateur) supplante le mot civilité en cours à l'époque
et entre alors dans une série d'oppositions où il se distingue de sauvagerie (lat.
silva : la forêt) et de barbarie (grec, barbaros : celui qui balbutie comme un enfant
de façon incompréhensible). Le terme civilisation, appliqué à une société, implique
alors un jugement de valeur favorable pour cette société et suppose qu'il y a des
peuples non civilisés ou sauvages, acception que l'on retrouvera pendant l'expansion
coloniale européenne pour justifier les visées impérialistes sous couvert de civiliser
les “populations arriérées”.
Les sens de culture et civilisation vont entrer en concurrence et voir au cours
du temps leur contenu sémantique se chevaucher, se brouiller, les deux termes étant
souvent utilisés l'un pour l'autre. Une répartition sémantique qui affecte à
civilisation la désignation des “créations de la société pour assurer son contrôle sur
ses propres conditions de vie, ce qui implique aussi bien l'organisation sociale que
les techniques”, c'est-à-dire une action tournée vers le monde, et à culture, “les
expressions de la vie”, c'est-à-dire les idéologies, les religions, les arts et littératures
(action tournée vers l'homme) n'est utilisée que par certains sociologues et
anthropologues et actuellement aucun consensus n'existe qui fixerait pour chacun de
ces deux termes une signification spécifique.
Ces flottements terminologiques se retrouvent dans la didactique du F.L.E.
jusqu'à ces dernières années, où, toutefois, le recours actuel à l'expression culture-
civilisation les neutralise.
2.1.2. Civilisation / culture : sens anthropologique
Aussi, avec l'approche communicative, l'enseignement de la civilisation va-t-
il progressivement occuper une place centrale. En fait, avec l'approche
communicative, plus que d'enseignement de la civilisation, il s'agit d'enseignement
de la culture entendue au sens anthropologique du terme, tel que le précisait pour la
première fois l'ethnologue anglais E. B. Tylor au XIXe s. : “un ensemble complexe
qui englobe des notions, des connaissances, les arts, les lois, la morale, les
coutumes et toutes autres capacités et habitudes acquises par l'homme en tant que
membre de la société”. Et plus que de culture au singulier, il faut parler de cultures
au pluriel : en effet, par exemple L. Porcher (1986) insiste sur le fait que, dans le cas
de la France, on ne peut plus parler de culture française en terme général, mais de
cultures plurielles : “Une culture nationale est un ensemble de pratiques culturelles
diversifiées”, déterminées par les appartenances étrangères (les cultures immigrées),
sexuelles (filles et garçons sont façonnés par des cultures différentes),
générationnelles (une culture des “seniors”, terme qui remplace progressivement
celui de “troisième âge”, a émergé ces dernières années), professionnelles,
régionales, façonnées par les médias : “Les médias façonnent nos modes de pensée,
nos réflexes, nos manières de voir. Ils font naître en nous de nouvelles habitudes.”
(L. Porcher : 1994).
2.2 Approche anthropologique de la culture.
L'enseignement de l'anthropologie culturelle dépasse un enseignement factuel
(repères historiques, sociologiques, politiques...), magistral d'une culture étrangère
pour viser la mise sur pied d'une compétence culturelle, c'est-à-dire pour rechercher
“l'acquisition d'un savoir-faire interprétatif”.
Cette compétence exige une capacité de décoder les modes de classement de
la culture autre comme le précise L. Porcher : “Connaître une culture étrangère
c'est savoir faire les mêmes classements que les indigènes de cette culture, opérer la
même distribution des distinctions”. Par exemple, repérer dans une culture
étrangère les modalités des classements littéraires en littérature et paralittérature,
classements susceptibles de variations culturelles et ses implicites.
L'implicite est le mode de fonctionnement de la culture comme le souligne G.
Zarate (1986 : 16) : “L'inculcation d'une culture maternelle se fait de manière
silencieuse de sorte que la culture maternelle fonctionne sur le mode de l'implicite”.
Par exemple, dans la culture française, une règle implicite impose dans les lieux
publics l'évitement du contact physique avec une personne inconnue et, dans le cas
d'une transgression, prescrit d'engager une procédure d'excuse. Cet enseignement,
de la culture-civilisation qui, par le biais de catégories sociologiques, pratique
l'objectivation de la culture autre. Cela signifie “qu'on doit effectivement la traiter
comme [une] chose... [la] constituer en objet, condition impérative pour [la]
connaître vraiment dans [ses] régularités de fonctionnement”.
Pourquoi l’interculturel ?
Parce qu’avec la mobilité croissante des sociétés, le développement rapide de
la science et de la technologie dans le domaine de transport et de la transmission de
l’information, le monde se rétrécit de plus en plus et devient un village global. La
conséquence est, d’après P. Funke : “l’augmentation des rencontres directes de
même que des rencontres indirectes par l’entremise des médias entre ressortissants
de cultures différentes”2. Ainsi un apprenant d’une langue étrangère reçoit, au cours
de son apprentissage de la langue, une riche documentation sur la culture étrangère.
Celle-ci est fournie notamment à l’intérieur de la classe de langue, mais aussi à
travers des informations culturelles données en milieu extrascolaire. Les médias, la
rencontre avec des natifs, les travaux quotidiens,… contribuent considérablement à
2 P. Funke (1995 : 81)
cette rencontre interculturelle. Mais comment “approprier le système de normes
d’une autre culture” ? Il s’agit ici de la compétence interculturelle que devrait
travailler le professeur de langue. Une pédagogie interculturelle est ainsi appelée.
Celle-ci ne se considère pas comme une simple fourniture unilatérale des données
culturelles aux apprenants, elle devrait leur faire comprendre les échanges entre les
tenants des cultures considérées. D’après M. Abdallah- Pretceille, “les séances
interculturelles sont très souvent conçues comme un va-et-vient entre des
événements de deux pays. Une pédagogie de comparaison, avec tous les dangers et
les erreurs qu’elle peut comporter, est ainsi mise en place”. L’apprenant devrait se
situer à la place d’un témoin, sachant observer et décoder de ce qui vient de l’Autre.
Le processus d’apprentissage doit donc être transférable afin que l’apprenant soit
capable de se comporter de manière adéquate dans les différents systèmes de
normes.
C. Osgood, psychologue américain, a décrit trois degrés de ce type
d’apprentissage :
Premier degré : on considère que ses propres normes culturelles sont
normales et naturelles. On considère toutes les autres comme étrangères, exotiques
et non naturelles.
Deuxième degré : on reconnaît le fait que les normes culturelles d’autres
sociétés sont également des “normes” comme ses normes propres, mais qu’elles
sont autres.
Troisième degré : on reconnaît le caractère relatif et spécifique des normes de
la culture qu’on a. On atteint ainsi le degré de la réflexion sur soi et de
l’autoréférentialité.
Le défi interculturel que doit relever l’enseignant de français langue étrangère
n’est plus seulement d’enseigner la langue et la culture mais aussi de montrer
comment la culture maternelle des élèves entre en interaction avec la culture d’un
Français ou celle d’un locuteur francophone et mondial.
En classe, l’enseignant pourra aider les élèves à réfléchir à ce qu'est la
culture. Mais il sera surtout le révélateur des implicites culturels qui nous
conditionnent. Pour faciliter cette prise de conscience de l'élève, une démarche
progressive s’impose. L’enseignant pourra amorcer ce travail avec des éléments
culturels observables et reconnus par tous comme tels (architecture, vêtements,
symboles…). L'enseignant introduira ensuite les implicites culturels qui
conditionnent notre comportement, du plus visible au moins visible : les gestes, la
gestion de l’espace et du temps, les relations et les sentiments, les bases du statut
social.
L'interculturel est un effet induit par la rencontre de deux cultures, effet qu'il
convient d'observer et d'analyser pour préparer les élèves à être les citoyens du
monde, multiculturels et tolérants.
Dans la partie 3 qui suit, nous présenterons les définitions de l’interculturel,
la problématique interculturelle et la compétence interculturelle.
3. INTERCULTUREL
3.1. Définitions
Le mot “interculturel”, utilisé comme un adjectif ou un substantif (celui-ci a
remplacé le mot interculturalité) se compose de inter et de culturel. On comprend
par là la rencontre entre la culture liée à la langue maternelle de l’apprenant et la
culture liée à la langue apprise.
D’après F. Capucho, professeur de langue et de linguistique français à la
Faculté des Lettres de l’Université Catholique Portugaise, pôle de Viseu :
“L’interculturel est l’ensemble des enjeux déclenchés lors de la rencontre
communicationnelle d’acteurs sociaux appartenant à des univers linguistiques et/ou
culturels différents.”3
3 Entretien avec Filomena Capucho. Propos recueillis par l’Agence intergouvernementale de la
francophonie. Francparler (www.francparler.org).
Pour M. Bargach, professeur de langue et de linguistique français à
l’Université de Virginia aux Etats-Unis : “L’interculturel, en bref, c’est l’ouverture
à l’Autre. L’Autre, dans toutes ses dimensions : son histoire, son patrimoine
culturel, sa religion et tout se qui fait sa différence. Cependant, le préfixe “inter”
suppose un échange, un enrichissement mutuel entre deux ou plusieurs entités
culturelles.”4
Selon M. Abdallah-Pretceille dans L’éducation interculturelle, PUF, 2004,
coll. "Que sais-je ?, “Le préfixe "inter" d’"interculturel" indique une mise en
relation et une prise en considération des interactions entre des groupes, des
individus, des identités. Ainsi, si le multi et le pluriculturel s’arrêtent au niveau du
constat, l’interculturel opère une démarche, il ne correspond pas à une réalité
objective. L’approche interculturelle n’a pas pour objectif d’identifier autrui en
l’enfermant dans un réseau de significations, ni d’établir des comparaisons sur la
base d’une échelle ethnocentrée. L’interculturel accorde une place plus importante
à l’individu en tant que sujet qu’aux caractéristiques culturelles de l’individu”.
À mon avis, tout individu est un être pluriculturel. La rencontre avec un
étranger, c’est d’abord la rencontre avec un sujet qui a des caractéristiques propres.
C’est pourquoi la compétence interculturelle n’est pas une compétence qui permet
de dialoguer avec un étranger (avec une personne de nationalité, de culture
différentes), mais avec autrui (une autre personne). L’objectif est donc d’apprendre
la rencontre et non pas d’apprendre la culture de l’autre.
4 Entretien avec Majida Bargach. Propos recueillis par Nadia Ziane. LE MATIN (www.lematin.ma).
3.2. La problématique interculturelle.
3.2.1. Nous sommes de plus en plus confrontés à la diversité culturelle.
La mondialisation des marchés économiques et le flux croissant de
populations qu’elle engendre amènent de plus en plus les individus à communiquer
à l’échelle planétaire, à rencontrer, échanger, vivre et travailler avec des
interlocuteurs issus de contextes linguistiques et socioculturels extrêmement variés.
Se former à ces rencontres, à ces échanges, à ces coopérations, à ces conflits est
aujourd’hui une tâche qui nous concerne tous.
3.2.2. La compréhension entre individus de cultures différentes ne va pas de soi.
La compétence linguistique ne suffit pas. La bonne maîtrise des formes
linguistiques ne suffit pas à la communication. En effet, les structures formelles
d’une langue ne sont qu’un vecteur et ne représentent que la surface visible et
émergente de la communication.
Le processus de communication n’est pas linéaire. La transmission d’un
message n’est jamais neutre : toute situation de communication est une situation où
l’intention et les représentations des émetteurs et des récepteurs conditionnent la
diffusion et l’interprétation du message. Ainsi, quand on communique, plusieurs
scénarios sont possibles :
Il peut y avoir accord réciproque entre le locuteur et l’interlocuteur à travers
les normes contenues dans la transmission du message, on dit alors que la
transmission est réussie ;
Il peut y avoir au contraire des évidences non partagées, des normes et des
valeurs divergentes. Les visions du monde s’affrontent et la rencontre avec l’autre
est alors la rencontre avec l’étranger, l’étrange. Dans ce cas, la compréhension se
transforme en malentendu ou en incompréhension.
3.2.3. Les réactions spontanées face à l’étranger : préjugés et ethnocentrisme.
Le simple fait d’entrer en contact avec des personnes appartenant à d’autres
univers culturels ne peut garantir le développement d’une attitude ouverte et de
tolérance. En effet, les recherches ont montré que dès que des cultures entrent en
contact, c’est le réflexe de généralisation et le jugement de valeur qui sont premiers
chez la plupart des individus. C’est par la découverte de la culture de l’autre que
naissent les représentations, les préjugés, les stéréotypes, les clichés, les idées
reçues (en positif et en négatif).
3.3. La visée interculturelle.
À partir de la problématique interculturelle, une visée interculturelle
impliquant un double mouvement : de reconnaissance positive de la culture de
l'autre : “La capacité interculturelle fondamentale, [...], c'est celle de la
décentration, de l'orientation positive vers l'altérité...” 5; et de retour sur sa propre
culture afin de la relativiser, d'en percevoir l'arbitraire : “Il importe [...] de
sensibiliser les élèves à la relativité des taxinomies mises en œuvre pour penser le
monde dans des cultures différentes” 6 . Par exemple, l'étude des pratiques
alimentaires autres, tel le recours, au petit déjeuner, d'un mug et non d'un bol, peut,
au delà de la simple reconnaissance et acceptation de la différence culturelle,
déboucher sur une relativisation de ses propres pratiques alimentaires, sur la prise
de conscience qu'une culture, parmi un certain nombre de possibles culturels, en
actualise arbitrairement un.
3.4. L'éducation interculturelle.
L'éducation interculturelle débouche ainsi sur une interrogation de la notion
d'identité afin de mieux saisir sa propre identité culturelle : “La classe de langue
5 L. Porcher (1995 : 60)
6 G. Zarate (1986 : 33)
invite à une prise de conscience des mécanismes de l'identité : dans la confrontation
avec l'autre, c'est une définition de soi qui se construit.” 7
Pour L. Porcher (2004 : 117, 118).
“Interculturel [...] implique échange entre plusieurs cultures,
communication, interpénétration, enrichissement mutuel. [...] Quand on apprend
une langue étrangère, c’est l’interculturel qui est en jeu, [...]. On cherche aussi à
respecter chacune des cultures, des croyances, chacun des modes de vie, à aller
vers un métissage possible sans abandon de son identité. Apprendre une langue
étrangère c’est affirmer à la fois sa propre identité et celle de l’étranger en allant
vers les conditions d’une coopération et en se donnant les moyens d’éviter les
affrontements”.
3.5. La compétence interculturelle
Il a été longtemps admis que les quatre compétences majeures à travailler
dans tout enseignement/apprentissage des langues étrangères étaient la
compréhension orale et écrite et l’expression orale et écrite. De nos jours, on parle
de plus en plus de ._.la compétence interculturelle.
3.5.1. Qu’est-ce que c’est la compétence interculturelle ?
Dans les années passées, le concept de la compétence interculturelle a acquis
de plus en plus d’importance, surtout au niveau des contacts globaux entre les gens
divers. La capacité de pouvoir communiquer avec succès devient de plus en plus
désirée dans le monde entier.
Les conditions de base de la compétence interculturelle sont la sensibilité et
la confiance en soi, la compréhension d’autres comportements et manières de
penser, de même que la capacité de pouvoir communiquer son propre point de vue,
d’être compris et respecté, de se montrer flexible quand c’est possible, et d’être clair
quand c’est nécessaire.
7 G. Zarate (Idem : 39)
La compétence interculturelle est définie par l’aptitude à pouvoir
communiquer avec succès. Cette faculté peut être présente dès le plus jeune âge ou -
selon la disposition et la volonté - elle peut être développée et favorisée de manière
méthodique. La base pour une communication interculturelle réussie est la
compétence émotionnelle et la sensibilité interculturelle.
Le but de l’évaluation de la compétence interculturelle est de découvrir si la
personne en question en a l’aptitude ou le potentiel.
Chaque être humain a sa propre histoire, sa propre vie et par conséquent sa
propre culture ou son appartenance culturelle (y inclus la culture géographique,
ethnique, morale, éthique, religieuse, politique, historique). Cela concerne des gens
provenant de différents continents ou pays, de l’autre sexe ou de minorités
quelconques – même dans une famille peuvent exister des valeurs culturelles
différentes.
3.5.2. Pourquoi une compétence interculturelle ?
La compétence interculturelle est une condition indispensable pour chaque
interaction : non seulement des aptitudes sociales sont nécessaires, mais aussi la
sensibilité et la compréhension d’autres valeurs, points de vues, façons de vivre et
manières de penser, et la capacité de pouvoir transmettre ses propres valeurs et
points de vue d’une façon compréhensible et adaptée à la situation.
La compétence interculturelle favorise la compréhension mutuelle et permet
de réaliser plus facilement les buts envisagés.
Si l’on réfère au rapport rédigé en 1997 à la suite du travail mené par le
Conseil de l’Europe autour du Projet intitulé “Apprentissage des langues et
citoyenneté européenne”, les apprenants sont avant tout considérés comme des
locuteurs interculturels. Cela signifie que l’objectif visé est de leur permettre
d’acquérir “la capacité de relativiser leurs croyances, valeurs et pratiques
culturelles, de comprendre celles des autres, d’établir des relations entre les deux et
d’accepter la différence au lieu d’attendre quelque harmonie universelle. La
définition de la compétence interculturelle réduit donc l’importance accordée
jusqu’ici à l’acquisition de connaissances sur les autres pays et les cultures, et
introduire les attitudes et savoir–faire nécessaires pour “découvrir l’altérité et
développer une relation à l’autre”8
En ce qui concerne le terme “altérité” et le terme “l’Autre”, L. Porcher
propose une approche qui nous semble tout à fait pertinente dans son article intitulé
“De l’interculturel” publié dans Cahiers Pédagogiques, no 360 (1997). Il précise à
cet égard que “le trait fondamental d’une pédagogie interculturelle consiste en son
orientation vers l’altérité, son ouverture à l’autre. L’autre aussi comme moi, est un
sujet (actif, responsable, doté d’un capital culturel singulier) : il est un ego tout en
restant un alter ; il est précisément un alter ego. Symétriquement, tout en étant
aussi un sujet, un ego, je suis moi-même un alter, un autre pour l’autre, que je le
veuille ou non, que je le sache ou pas, et c’est cela que j’ai le plus de difficultés à ne
pas oublier : on est toujours l’étranger de quelqu’un.”
Si l’on adhère aux réflexions de L. Porcher et de J. Trim, il nous semble
important de souligner l’importance de développer les attitudes et savoir-faire
nécessaires à tout apprenant pour découvrir l’altérité et instaurer une relation à
l’autre susceptibles de développer chez lui la compétence interculturelle. Il faut
également remarquer que la simple introduction de la culture dans un cours de
langue ne suffit plus. La compétence interculturelle s’ajoute à la compétence
culturelle. Ce n’est que dans ce contexte que l’approche interculturelle trouvera
réellement sa place. Par conséquent, une approche interculturelle s’inscrit
obligatoirement dans une dimension extra-linguistique, touche aux compétences
transdisciplinaires et permet de développer des qualités interpersonnelles chez tout
individu.
8 J. Trim (1997 : 56) cité par CONSEIL DE L’EUROPE (1996), Les langues vivantes: apprendre, enseigner,
évaluer. Un Cadre européen commun de référence, Strasbourg.
À la suite les réflexions avancées ci-dessus, la première définition générale
de l’approche interculturelle que nous nous permettons de proposer ici pourrait être
formulée comme suit :
L’approche interculturelle, au sens général, consiste à construire des liens
entre la culture étrangère et celle des apprenants dans la classe et donc à leur
permettre de mieux saisir ce qu’est l’altérité en leur donnant les moyens de
découvrir les autres et d’adopter ainsi un regard plus distancié sur eux-mêmes
(identité et ethnocentrisme). Il s’agit par là même de les aider à relativiser leurs
représentations (savoirs) et leurs préjugés (attitudes) afin de mieux communiquer
(savoir-être) et de pouvoir s’épanouir dans un monde qui se diversifie.
4. PROPOSITIONS DU CADRE EUROPENNE COMMUN DE
REFERENCE POUR LES LANGUES : FORMER LA CONSCIENCE
INTERCULTURELLE.
Les enseignants se trouvent parfois démunis pour adapter leur méthode
d’enseignement à la prise en compte de la culture. La prise en compte de la culture
dans l’enseignement des langues étrangères est indispensable, non seulement pour
communiquer efficacement, mais aussi parce qu’elle représente un enjeu éthique.
Combattre la xénophobie et l’ethnocentrisme, éviter les préjugés et les
discriminations est plus que jamais une préoccupation des pédagogues et des acteurs
de l’éducation.
La conscience interculturelle fait partie des compétences générales que
l’apprenant d’une langue étrangère doit acquérir, telles qu’elles sont définies par le
Cadre européen commun de référence pour les langues.
4.1. Enjeux de l’acquisition de la compétence interculturelle en classe de
langue.
4.1.1. Le cours de langue : lieu privilégié de l’acquisition de la compétence
interculturelle.
Apprendre une langue étrangère, les apprenants n’acquièrent pas seulement
les quatres compétences (CO, CE, EO, EE), d’après le Cadre, ils ont besoin
d’acquérir la compétence interculturelle. M. Denis affirme alors que "le cours de
langue constitue un moment privilégié qui permet à l’apprenant de découvrir
d’autres perceptions et classifications de la réalité, d’autres valeurs, d’autres
modes de vie… Bref, apprendre une langue étrangère, cela signifie entrer en
contact avec une nouvelle culture"9
4.1.2. La compétence communicative : une compétence interculturelle.
La compétence communicative constitue l’objectif premier de l’apprentissage
d’une langue étrangère. Or, il est désormais admis que la seule compétence
linguistique, si elle est nécessaire, n’est pas suffisante dans une perspective de
communication.
Les langues ne sont pas de simples outils qui permettraient de faire passer des
informations de manière factuelle. Elles sont avant tout les vecteurs de
communication des cultures dont elles sont issues.
Dans la perspective interculturelle, la compétence communicationnelle
reposera sur la capacité des interlocuteurs à repérer le culturel dans les échanges
langagiers. Apprendre une langue, comme le résume L. Porcher, c’est être capable
"de percevoir les systèmes de classement à l’aide desquels fonctionne une
communauté sociale et, par conséquent, d’anticiper, dans une situation donnée, ce
9 M. Denis, dans Dialogues et cultures n°44, 2000, p. 62.
qui va se passer (c’est-à-dire quels comportements il convient d’avoir pour
entretenir une relation adéquate avec les protagonistes de la situation)".10
4.1.3. L’interculturel et l’enrichissement des apprenants.
4.1.3.1. Apprendre aux apprenants à s’enrichir au contact d’individus de culture
différente.
Le Cadre européen souligne ainsi un des objectifs de l’acquisition d’une
compétence interculturelle pour les apprenants "dans une approche interculturelle,
un objectif essentiel de l’enseignement des langues est de favoriser le
développement harmonieux de la personnalité de l’apprenant et de son identité en
réponse à l’expérience enrichissante de l’altérité en matière de langue et de
culture”. L’acquisition d’une compétence interculturelle permettra notamment aux
apprenants de développer leur capacité à se préparer à des séjours dans des régions
d’autres cultures et à en tirer profit.
4.1.3.2. Permettre aux apprenants d’accroître leur capacité à apprendre d’autres
langues étrangères.
L’apprenant d’une deuxième langue (ou langue étrangère) et d’une deuxième
culture (ou culture étrangère) ne perd pas la compétence qu’il a dans sa langue et sa
culture maternelles. Et la nouvelle compétence en cours d’acquisition n’est pas non
plus totalement indépendante de la précédente. L’apprenant n’acquiert pas deux
façons étrangères d’agir et de communiquer. Il devient plurilingue et apprend
l’interculturalité. Dans la partie d’introduction, le Cadre souligne que “les
compétences linguistiques et culturelles relatives à chaque langue sont modifiées
par la connaissance de l’autre et contribuent à la prise de conscience, aux habiletés
et aux savoir-faire interculturels. Elles permettent à l’individu de développer une
personnalité plus riche et plus complexe et d’accroître sa capacité à apprendre
10 L. Porcher, dans Études de linguistique appliquée n° 69, 1988.
d’autres langues étrangères et à s’ouvrir à des expériences culturelles nouvelles."
(Cadre européen, Introduction).
4.1.4. Enjeu éthique.
La formation à l’interculturel n’a pas seulement pour objectif de permettre
aux apprenants de mieux maîtriser la langue étrangère dans ses dimensions
linguistiques et culturelles, elle permet également de revaloriser la finalité éducative
de l’école (remise en cause des stéréotypes sociaux, lutte contre la xénophobie et le
racisme, respect de l’autre, ouverture à l’altérité) désormais élargie à un projet
humaniste à l’échelle du monde (compréhension entre les peuples, enrichissement
mutuel…).
4.2. Les grands principes de la pédagogie interculturelle.
Les trois grands principes de la pédagogie interculturelle sont une pédagogie
coopérative, une perspective actionnelle et une pédagogie qui repose sur un climat
de confiance.
4.3. Les compétences attendues.
La conscience interculturelle fait partie des compétences générales que
l’apprenant d’une langue étrangère doit acquérir, telles qu’elles sont désignées par
le Cadre européen commun de référence pour les langues. (5.1.1.3)
“La connaissance, la conscience et la compréhension des relations
(ressemblances et différences distinctives) entre "le monde d’où l’on vient" et "le
monde de la communauté cible" sont à l’origine de la prise de conscience
interculturelle. Il faut souligner que la prise de conscience interculturelle inclut la
conscience de la diversité régionale et sociale des deux mondes. Cela les aide à les
situer toutes deux en contexte. Outre la conscience objective, la conscience
interculturelle englobe la conscience de la manière dont chaque communauté
apparaît dans l’optique de l’autre, souvent sous forme de stéréotypes nationaux.
Le Cadre reconnaît donc l’interculturalité comme une composante nécessaire
à la didactique des langues. L’interculturel touche à toutes les notions normalement
considérées en didactique des langues : savoirs (comme prise de conscience
interculturelle), savoir-être (comme les attitudes), savoir-faire (comme savoirs-faire
interculturels) et savoir-apprendre.
4.4. Pistes pédagogiques.
Dans le cadre de l’enseignement/apprentissage des langues-cultures
étrangères, amener les apprenants à une prise de conscience interculturelle constitue
un acte d’ordre cognitif. Cette organisation intellectuelle de la construction de la
conscience interculturelle signifie que pour réussir la communication interculturelle,
plutôt que d’acquérir des comportements culturels étrangers, il importe que les
apprenants apprennent à savoir discerner/discriminer les
ressemblances/convergences et les différences/divergences entre la culture étrangère
et la culture maternelle et de savoir s’en servir pour une meilleure
communication/interaction.
L’enseignant pourra échelonner différentes phases au cours d’une séquence
pédagogique pour permettre à ses apprenants d’acquérir les compétences
interculturelles telles qu’elles sont définies dans le Cadre européen.
4.4.1. Sensibiliser les apprenants à la notion de culture.
En classe de français, l’enseignant pourra amener les apprenants à réfléchir à
ce qu’est la culture. Prenant appui sur la réflexion des apprenants, l’enseignant
introduira la culture française. Du fait des implicites de la culture, il pourra mettre
en place des démarches permettant de faciliter la prise de conscience de l’apprenant.
4.4.2. Faire prendre conscience aux apprenants de leur propre grille
interprétative.
Reconnaître la culture de l’Autre et la respecter pour ses particularismes,
c’est avant tout connaître et reconnaître sa propre culture. Comme le souligne
M.Abdallah-Pretceille, "le discours interculturel induit un questionnement autant
sur les autres cultures, sur autrui, que sur sa propre culture. C’est ce processus en
miroir qui fonde la problématique interculturelle". La tolérance d’autres cultures
passe par la prise de conscience de sa propre culture. Savoir identifier les éléments
caractéristiques qui la constituent et soumettre ses valeurs à un examen critique, non
pour les dénigrer mais pour les comprendre et y reconnaître une particularité
culturelle permettent de casser l’ethnocentrisme qui est une réaction spontanée des
individus confrontés à la diversité culturelle. En faisant l’analyse des attitudes et des
comportements de leurs concitoyens, les apprenants aboutissent à l’idée que leur
identité culturelle représente un système complexe. Il s’agit donc d’amener les
apprenants à se décentrer et à prendre conscience de la structuration de leurs grilles
interprétatives des événements et des comportements communicatifs, de son origine
et des normes culturelles en jeu dans les interactions.
4.4.3. Découverte d’autres cultures
Après avoir pris de la distance par rapport à leur propre culture, les
apprenants pourront être amenés à admettre l’existence d’autres perspectives.
4.4.3.1. Acquisition de connaissances socioculturelles.
Le Cadre européen (5.1.1.2) propose aux enseignants de travailler sur
différents aspects des traits distinctifs caractéristiques d’une société et de sa
culture : vie quotidienne; conditions de vie; relations interpersonnelles (y compris
les relations de pouvoir et de solidarité); valeurs, croyances et comportements en
relation à des facteurs ou des paramètres; langage du corps; savoir-vivre;
comportements rituels.
Par l’acquisition de ces connaissances socioculturelles, l’apprenant pourra
entrevoir d’autres classifications de la réalité et prendra conscience de la non-
universalité de sa culture.
4.4.3.2. Observation et analyse des comportements culturels.
Il faut noter que ces documents devraient être utilisés à condition de ne pas se
limiter à un usage descriptif et d’amener les apprenants à réfléchir sur les raisons
qui conditionnent les comportements différents à partir des connaissances acquises
précédemment.
4.4.3.3. Travail sur les stéréotypes.
On pourra également amener à les apprenants à chercher à comprendre
pourquoi ils ont des représentations préconçues des autres cultures et inversement.
Par exemple, si de nombreuses cultures associent aux Français une image
d’arrogance, c’est sans doute parce que certains comportements observables chez
les Français comme leur manière de défendre vivement leurs idées ou l’habitude de
couper la parole dans une discussion, sont considérés comme arrogants dans
d’autres cultures.
Le travail sur les préjugés et les stéréotypes passe par une analyse des
représentations, du processus de catégorisation et d’attribution. L’objectif n’est pas
d’éradiquer les préjugés et les stéréotypes, mais de travailler sur eux afin que les
échanges ne soient pas l’occasion de leur renforcement.
4.4.4. Etablir des liens entre sa culture et la culture étrangère.
Une fois les cultures en présence identifiées et reconnues, il est nécessaire de
travailler sur ce qui les réunit et de permettre aux apprenants de réaliser qu’au-delà
des différences trop facilement observables, il y a parfois beaucoup plus de
similitudes et de valeurs fondamentales partagées qu’on ne pourrait penser.
4.4.5. Relativisation.
On pourra amener l’apprenant à :
- Mettre en rapport différents points de vue présents dans la culture étrangère
ou dans sa propre culture pour lui apprendre à ne pas généraliser : prendre
conscience de la pluralité et donc de la relativité des points de vue ;
- Situer un fait culturel dans son contexte : rechercher le contexte de
production d’un document ou d’un discours, saisir et analyser des paramètres de la
situation où le discours est produit ;
- Saisir la diversité des enjeux au sein de la communication.
4.4.6. Intériorisation de la culture de l’Autre.
L’intériorisation de la culture de l’Autre constitue la dernière étape de
l’acquisition de la compétence interculturelle. Elle consiste à amener l’apprenant à :
- S’impliquer dans la découverte et dans l’approfondissement de la culture
étrangère.
- Se construire un système de références à partir des différentes cultures en
présence.
Les échanges scolaires sont une des manières de permettre aux apprenants de
se confronter directement à la diversité culturelle et de mettre en pratique
l’approche interculturelle.
La pratique des échanges afin d’améliorer et de favoriser les relations et
perceptions réciproques s’est banalisée en se démultipliant. Toutefois, de
nombreuses études ont montré que les échanges ne réduisent pas systématiquement
les stéréotypes et les préjugés. Au contraire, l’expérience sert aussi à renforcer des
idées et des représentations fausses au non du "vécu". Il ne suffit pas en effet de se
confronter à autrui dans un autre contexte culturel pour acquérir une compétence
interculturelle.
M. Abdallah-Pretceille11 (L’éducation interculturelle, PUF, 2004, coll. "Que
sais-je ?") propose quelques principes pour une pédagogie interculturelle des
échanges :
11 Cité par CONSEIL DE L’EUROPE, (1996), Les Langues vivantes: apprendre, enseigner, évaluer. Un
Cadre européen commun de référence, Strasbourg.
- Analyser la place des échanges et des rencontres dans un objectif
d’éducation à l’altérité.
- Dépoussiérer les échanges de certains mythes comme ceux de l’entente, de
la spontanéité, de la communication authentique, de la sympathie mutuelle, du
dialogue entre les cultures, car il ne suffit pas de réunir des individus pour faire un
groupe, encore moins de les obliger à se côtoyer pour s’accepter.
- Ne pas pointer dans les échanges les différences au détriment des
ressemblances : rechercher une cohérence et des points communs afin de dépasser
le niveau du détail, de l’intuition et de la subjectivité.
- Ne pas focaliser uniquement son attention sur la culture d’autrui, sur l’autre,
mais apprendre à savoir qui on est dans une situation donnée, apprendre à objectiver
sa manière d’être allemand, français… Dans une perspective interculturelle, ce sont
les comportements intersubjectifs qui priment.
- Évaluer l’échange : vérifier que les programmes de rencontres
internationales sont des lieux favorables à la rencontre interculturelle.
4.5. Conclusion.
La valeur ajoutée de la perspective interculturelle, c’est qu’elle se définit
essentiellement comme une formation à l’observation, à la compréhension, à la
relativisation des données de la culture étrangère, non pour la prendre comme
modèle à imiter, mais précisément pour développer le dialogue des cultures.
CHAPITRE II
CONSTITUTION DU CORPUS ET
TRAITEMENT DU CORPUS
1. PRÉSENTATION DU CORPUS
1.1 Public interrogé.
Pour obtenir les informations nécessaires à notre recherche, nous avons mené
des enquêtes sur le terrain auprès des publics différents :
- Les enseignants de français et ceux d’anglais,
- Les étudiants d’anglais en quatrième année apprenant le français comme
deuxième langue vivante.
Les raisons du choix de ces publics sont comme suit :
- Comme notre recherche ne se limite pas au français, nous espérons
connaître l’avis des collègues enseignant d’autres langues étrangères,
l’anglais par exemple.
- Notre établissement n’a pas d’étudiants de spécialité de français.
1.2 Constitution du corpus.
Nous avons fait des enquêtes sur l’importance de la prise en compte de
l’interculturel dans l’enseignement/apprentissage du F.L.V.2 dans notre université.
Nos publics interrogés sont les enseignants et les étudiants du Département des
Langues Étrangères de la Faculté de Pédagogie de An Giang.
Ces enquêtes comportent deux phases : la première phase, sous forme de
sondage, a été réalisée auprès des enseignants et des étudiants à l’aide de deux
questionnaires différents. Le premier, pour les enseignants, comprend 16 questions,
(cf. Annexes, Questionnaire pour enseignants). Ce questionnaire a été distribué à 15
enseignants parmi lesquels 3 sont des enseignants étrangers qui enseignent
l’anglais. Leurs expériences d’enseignement ne sont pas les mêmes mais la majorité
d’entre eux ont beaucoup d’expérience d’enseignement.
Le second comprend 17 questions, (cf. Annexes, Questionnaire pour étudiants)
et a été proposé à 47 étudiants de deux classes ayant l’anglais comme première
langue vivante et le français comme seconde langue.
Pour la deuxième phase, nous avons réalisé des entretiens auprès des
enseignants. Cinq enseignants ont été choisis pour leur sérieux aux réponses des
questionnaires.
1.3 Collecte des données.
1.3.1 Enquête réalisée auprès des enseignants :
La méthode d’analyse respectera l’ordre des questions posées dans le
questionnaire et sera menée autour des thèmes principaux suivants :
1. L’introduction des éléments culturels dans l’enseignement.
2. Les difficultés de l’enseignant et de l’étudiant dans l’enseignement/
apprentissage des éléments culturels.
3. Les avantages de l’introduction des éléments culturels dans
l’enseignement/apprentissage et les difficultés rencontrées.
4. La nécessité de l’introduction des éléments culturels dans
l’enseignement des langues étrangères.
5. L’amélioration de la méthode d’enseignement.
6. Les projets pour l’amélioration professionnelle dans l'avenir.
1.3.1.1 L’introduction des éléments culturels dans l’enseignement.
Question no 1 :
“Exploitez-vous des
éléments culturels dans
votre enseignement ?”
15/15 (100%)
enseignants introduisent
des éléments culturels dans
leur enseignement. A la
lecture du tableau, nous
trouvons que seulement
3/15 (20%) enseignants les
exploitent toujours. 8/15
(53,3%) les exploitent très souvent. Et 4/15 (26,7%) enseignants les exploitent
parfois.
Pour les enseignants qui exploitent souvent :
- Ils aident les étudiants à comprendre mieux les leçons. Les étudiants font souvent
la comparaison entre les deux cultures. Quand ils comprennent la culture, ils
utiliseront mieux la langue surtout la langue en situation de communication. Les
enseignants pensent que la culture et la langue sont inséparables.
L’enseignement/apprentissage de la langue impose celui de la culture.
- L’introduction des éléments culturels dans leur leçon est impérative. L'étude d'une
langue exige qu'on apprenne beaucoup de normes culturelles. Ces normes
culturelles sont exprimées par la langue de différentes façons. Si les étudiants
n’apprennent pas la culture en apprenant la langue, ils risquent plusieurs confusions
et malentendus. L'enseignement de la culture simplifiera ce processus.
Fréquence d'introduction des éléments culturels
parfois
27%
le plus
souvent
53%
toujours
20%
Pour les enseignants qui n’exploitent pas beaucoup :
- Manque de temps et de documents de référence. Pour le peu de temps imparti, il
consacre leur temps à l’acquisition d’une compétence linguistique et ne traitent les
contenus culturels qu’occasionnellement.
- Pour cela, X3 pense que :
“Mais je ne peux pas tout exploiter, par manque d’expériences et de sens critique.
Prenons par exemple les exercices de compréhension écrite et orale. Surtout dans
ceux de compréhension orale, l’oral est très lié aux éléments culturels. Parfois, il
me semble que mes explications ne sont pas très suffisantes. Si j’avais pu vivre une
situation pareille, mes explications seraient meilleures”. (1 ; 20-25).
On trouve que tous les enseignants ont introduit des éléments culturels dans
leur enseignement mais ils n’exploitent pas toujours par des raisons telles que
manque de temps et de documents de référence. Ils doivent suivre la distribution du
programme de la formation. Ils centrent seulement sur l’enseignement des quatre
compétences de la pratique de la langue (CO, EO, CE, EE). Par ailleurs, ils ne sont
pas non plus formés au niveau universitaire. Ils n’ont pas confiance en eux pour leur
manque de connaissance sur la culture et aussi en méthodologie (techniques
d’enseignement).
1.3.1.2 Les difficultés de l’enseignant et de l’étudiant dans l’enseignement/
apprentissage des éléments culturels.
Question no 2 :
“Rencontrez-vous des difficultés dans l’enseignement des éléments culturels ?”
En répondant positivement à cette question, tous les enseignants (100%) ont
mentionné leurs difficultés dont les principales sont le manque de temps, de
documents de référence et aussi des supports pédagogiques. Les autres difficultés
rencontrées sont dues à leurs lacunes personnelles dans les connaissances sur la
culture à enseigner.
De là, leur méthode d’enseignement ne sont pas innovante. Dans leur
formation initiale à l’université, ils n’étaient pas formés à l’exploitation des
éléments culturels.
À côté des difficultés ci-dessus, X4 a remarqué :
“Je rencontre les difficultés quand je n’ai pas l’expérience des points culturels à
enseigner”. (1 ; 39-40).
Question no 3 :
“Vos étudiants rencontrent-ils des difficultés à comprendre les éléments
culturels? Si oui, lesquelles ?”
Pour cette question, 100% enseignants ont répondu que oui et que la plupart
des étudiants ont beaucoup de difficultés. Ces difficultés sont les suivantes :
- Les étudiants manquent de documents, de journaux, revues, cassette vidéos,
CD-Roms et aussi des connaissances concernant la culture.
- Ils n’ont pas de conditions de communiquer avec les étrangers.
- Les réalités étrangères sont parfois très différentes de celles qu’ils vivent
dans leur pays d’origine.
Nous trouvons que les enseignants et les étudiants rencontrent beaucoup de
difficultés dans l’enseignement/apprentissage des éléments culturels. Les questions
auxquelles ils sont toujours confrontés sont les documents, les connaissances, les
méthodes et le programme d’enseignement. Il faut ajouter qu’ils ont très peu
participé à des séminaires ou des stages de formation complémentaires dans le pays
et pratiquement pas à l’étranger.
1.3.1.3 Les avantages et les inconvénients de l’introduction des éléments
culturels dans l’enseignement/apprentissage.
Question no 4 :
“À votre avis, l’introduction des éléments culturels aident-ils vos étudiants à
comprendre mieux leurs leçons ?”
A cette question, 15 enseignants (100%) répondent oui parce que les
éléments culturels attirent souvent la curiosité des étudiants. Ils sont motivés et les
discussions s’animent. Ils se rendent compte des relations, des ressemblances, des
différences entre la culture d’apprentissage et celle d’origine. Ils ont plus de
confiance en eux dans la communication. Les leçons sont par la suite mieux
comprises.
Par ailleurs, X1 donne son point de vue pour le rôle des éléments culturels :
“Comme nous le savons, les connaissances culturelles font partie du savoir à
acquérir par les étudiants. Mais pourquoi le culturel ? Parce qu’il va de soi que la
culture est la base de toute communication. En communication, avec qui que ce
soit, dans n’importe quel domaine, la culture s’impose comme une question
cruciale. En fait, les connaissances grammaticales, lexicales ne peuvent être sujet
de conversation entre les étudiants eux-mêmes ou avec les étrangers. C’est
impossible. Alors, de quoi parle-t-on ? De la littérature, de la culture, du tourisme,
... bref nos échanges portent sur les connaissances culturelles. Ainsi, la culture
constitue la base de toute communication. Et ce sans compter les moeurs et les
coutumes des natifs qu’il faut respecter en communication”. (1 ; 22-32).
et il n’ai pas encore rencontré d’échec dans l’enseignement des éléments culturels, il
a ajouté :
“Je n’ai jamais échoué car les étudiants sont très motivés et intéressés quand je
par._.tion.
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Est-ce que vous avez réussi dans l’intégration des éléments culturels dans
l’enseignement ?
X1: Je n’ai jamais échoué car les étudiants sont très motivés et intéressés
quand je parle de culture. Le succès d’un manuel réside dans les images, les éléments
de la culture qu’il présente. Cela rend les cours plus agréables si on parle des
monuments historiques, de l’histoire, ou on chante une chanson après ou au milieu de
la séance. Les étudiants peuvent donc se détendre et prendre plaisir aux cours.
Quelles pourraient être vos difficultés ? Pourquoi ?
X1: La première difficulté relève de la documentation, puisque pour enseigner
une culture, l’enseignant a besoin d’une grande quantité de documents, en particulier
ceux ayant trait à la culture. Le manque de documents est le problème le plus sérieux
car à An Giang, les documents relatifs à la France et au français sont très rares.
Cependant, heureusement, nous avons Internet, une ressource pédagogique
extrêmement riche. Le problème revient au budget financier. La deuxième difficulté
repose sur le budget temporel consacré à la préparation du cours. Surtout quand on
enseigne les éléments culturels, le temps de documentation et d’investissement
personnel est d’autant plus considérable que le risque est grand de démotiver nos
étudiants à cause de notre insuffisance en matière de compétence et de connaissance.
À ces deux problèmes s’ajoute un autre : les contraintes de temps imposées par le
programme. En effet, le retard par rapport à la répartition est parfois le prix de notre
souhait de traiter à fond un certain élément culturel.
Quelle est la réaction des étudiants quand ils découvrent certains éléments
culturels différents, voire opposés à leur culture maternelle ?
X1: C’est une réaction positive : surprise. Or, les cultures ne se ressemblent
pas. Par exemple, quand je cite le proverbe : “un repas sans fromage comme un
baiser sans moustache” en parlant du fromage, un élément indispensable du repas
français, tous mes étudiants rient et sont surpris. Mais ce sont ces éléments là qui
enrichissent le capital culturel des étudiants.
Quand vous introduisez des éléments de la culture dans le cours, vos étudiants
participent-ils plus activement ou se comportent-ils comme récepteurs passifs ?
X1: Cela dépend. En fait, certaines connaissances impliquent une réception
passive du côté des étudiants. Par exemple, quand je leur raconte une histoire qu’ils
ne connaissent pas du tout, ils doivent m’écouter. C’est ce que j’appellerai “réception
passive” et c’est normal. Mais dans d’autres cas, je sollicite leur participation en leur
posant des questions guides comme quand nous avons à interpréter des tableaux de
peintures peu évidents dans le manuel. Là, ils sont très actifs.
Est-ce que vous avez constaté des cas où les étudiants réagissent en critiquant ou
en sous-estimant certains phénomènes culturels ? Et pourquoi ?
X1: Certains éléments de la culture étrangère ne conviennent pas à la culture
vietnamienne, surtout en ce qui concerne la distance corporelle. Par exemple, les
Occidentaux font des bisous en saluant. Mais pour les Vietnamiens, c’est interdit, car
entre hommes et femmes, ils n’osent même pas se tenir la main dans la rue.
Cepandant, malgré la différence, la réaction des étudiants est plutôt positive. Ils
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comprennent, acceptent les différences sans chercher à les suivre ni à les critiquer.
Par exemple, quand je parle du Grand bal, en France, tout le monde descend dans la
rue pour danser, main dans la main. Mais au Vietnam, cela ne se produira jamais.
Les étudiants reconnaissent les différences en acceptant que c’est possible en France
mais impossible au Vietnam. Ils comprennent qu’il s’agit là de culture, sans émettre
des jugements.
À votre avis, est-ce que la découverte d’une nouvelle culture aiderait à mieux
comprendre la nôtre ? Pourriez-vous citer quelques exemples ?
X1: Bien entendu, la conclusion est déjà donnée par les chercheurs en culture.
Comprendre une nouvelle culture revient à comprendre la nôtre. Car on aura su qui
on est avant de savoir que l’autre existe. Ainsi, en prenant connaissance d’une
nouvelle culture, on se redécouvre. Reprenons l’exemple sur la notion de distance
dans la culture occidentale et orientale (en France et au Vietnam). Dans la
conception vietnamienne, le respect des enfants envers les parents et les grand-
parents tient à la distance. Il en est ainsi pour le roi et ses sujets. Alors que pour les
Occidentaux, plus on s’aime, plus on s’approche l’un de l’autre. C’est visiblement la
différence entre les deux cultures, et cela illustre le fait qu’on se connaît mieux soi-
même en découvrant l’autre. Autre exemple : les Vietnamiens ne donnent jamais à
leurs enfants leurs prénoms, alors que les Occidentaux donnent à leurs enfants le nom
ou le prénom de ceux qu’ils aiment. C’est le cas d’Alexandre Dumas. Ainsi, on se
comprend mieux quand on découvre l’autre. Donc, on comprendra que le respect se
manifeste différemment dans la culture vietnamienne et la culture française.
Quelle est, d’après vous, la relation entre les connaissances linguistiques et les
connaissances culturelles dans l’enseignement et l’apprentissage des langues
étrangères ?
X1: Dans l’enseignement d’une langue étrangère, il faut associer
connaissances linguistiques et connaissances culturelles. Elles sont inséparables et
entretiennent entre elles une relation étroite. On ne peut pas enseigner de la manière :
une table – cái bàn, un livre – quyển sách. C’est de la pure linguistique ! Or, notre
tâche consiste à apprendre aux étudiants à utiliser la langue pour acquérir le savoir,
la culture. C’est pour cela que les connaissances linguistiques et culturelles sont
indissociables.
Avec vos expériences, qu’est-ce que vous proposeriez pour l’enseignement LV2 ?
X1: - Premièrement, l’enseignant devrait aimer sa carrière, la langue qu’il
enseigne, car un enseignant du français risque d’avoir un sentiment de complexe face
aux étudiants anglophones. On peut bien tomber sur des étudiants qui prétendent que
l’anglais leur suffit, à quoi sert alors le français ? Donc, l’enseignant devrait
percevoir toutes les valeurs de la langue qu’il enseigne pour les communiquer aux
étudiants. L’échec de l’enseignant amènerait les étudiants à se persuader de la
suffisance de leur anglais.
- Deuxièmement, en ce qui concerne la gestion, il faudrait une prise en compte plus
judicieuse de la nécessité de la langue vivante 2 de la part de la Direction. Il faudrait
également favoriser les enseignants davantage en matière de documents, d’outils
pédagogiques,...
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- Troisièmement, il faudrait aider les étudiants à se rendre compte de la nécessité des
langues étrangère. Pour cela, les conférences, les rencontres, les discussions sont les
bienvenues afin de permettre aux étudiants de prendre la parole sur la langue
étrangère qu’ils apprennent. Ainsi, ils auront de l’estime à l’égard d’une langue
vivante 2.
ENTRETIEN No 2
(X2)
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À votre avis, quel est objectif de l’enseignement LV2 ?
X2: Aucun programme d’enseignement n’est déterminé ni par le Département
ni par le Groupe, mais par l’enseignant lui-même. Dans le contexte de l’ouverture, les
relations internationales sont très promues, d’où l’importance du rôle de
l’enseignement et de l’apprentissage des langues étrangères dans la société et dans
l’éducation. La majorité optent pour l’anglais, qui est à leurs yeux la langue
indispensable dans la communication internationale. Pourtant, à mon avis, pour
atteindre les connaissances scientifiques, économiques, sociales et culturelles,
l’anglais ne suffit pas. On aurait besoin d’autres langues étrangères comme le
français, le chinois, le japonnais,... C’est pour cela que dans la plupart d’universités,
l’enseignement d’une langue vivante 2 s’impose. Aucune réglementation n’oblige les
étudiants à choisir le français, mais ils le font de leur gré.
En un mot, à l’heure actuelle, plus on connaît de langues étrangères, plus l’accès au
savoir est favorisé.
À votre avis, quelles sont les connaissances que les étudiants en LV2 devraient
acquérir ?
X2: Ce sont les mêmes que pour la LV1 mais à un niveau moins exigent vu les
crédits horaires et d’autres raisons. En général, ce sont les connaissances
linguistiques, ensuite les compétences communicatives, puis un peu de connaissances
socio-culturelles, temps oblige.
Quel serait l’ordre de priorité des connaissances que vous venez de citer ?
X2: L’important ce sont les connaissances linguistiques (vocabulaire,
grammaire). Viennent ensuite les compétences (compréhension et expression orales).
Et enfin ce sont les connaissances culturelles.
Quelles connaissances ou compétences qu’un étudiant LV2 est censé avoir après
2 années d’études ?
X2: Il devra être capable de communiquer tant bien que mal avec un certain
bagage linguistique, car les deux années ne sont pas suffisantes, mais elles constituent
la base sur laquelle l’étudiant s’appuie pour aller plus loin.
Après deux années d’études, quelles seraient les connaissances que les étudiants
retiendront le plus ?
X2: Celles sur la civilisation.
À votre avis, la répartition du programme d’enseignement LV2 est-elle
raisonnable? Pourquoi?
X2: Je pense que ce n’est pas suffisant. Il faudrait plus d’heures pour
l’entraînement à certaines compétences. D’ailleurs, la répartition n’est pas
raisonnable. L’enseignement de la LV2 n’est dispensé qu’au deuxième semestre de la
deuxième année et au premier semestre de la quatrième année. Il sera donc difficile
pour les étudiants qui veulent apprendre une LV2 car ils sont près de sortir.
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Quelles sont vos remarques sur le contrôle et l’évaluation vis-à-vis de la LV2 ?
X2: La direction ne fixe aucune réglementation sur le contrôle et l’évaluation
vis-à-vis de la LV2. C’est à l’enseignant de décider ce qu’il contrôle ou évalue.
Mais quels seraient vos domaines prioritaires dans les critères de contrôle et
d’évaluation ?
X2: Dans les dispositions récentes de la direction, deux aspects visés sont
linguistique et communicatif (compréhension et expression orales). Pourtant, étant
donné les limites du budget, les compétences de CO et EO ne passent pas aux
épreuves mais sont évaluées au cours du semestre (les notes représentent 30% de la
note totale du semestre). Personnellement, dans le devoir de contrôle, on donnera, si
possible, la priorité à la grammaire, au vocabulaire et à la phonétique. Et il serait
mieux si étaient introduites les questions sur les connaissances culturelles qu’on a
déjà enseignées. Pourtant, je n’ai pas pu le faire. Je connais un enseignant qui
propose de temps à autre quelques questions sur la culture, mais je ne sais pas à quel
pourcentage ces questions représentent sur la note totale du devoir.
Certains collègues prétendent que l’enseignement LV2 bénéficie de tellement peu
d’heures que les cours révervés aux éléments culturels ne sont pas nécessaires.
Êtes-vous d’accord ?
X2: En fait, les crédits horaires sont insuffisants. Et la grammaire, le
vocabulaire et les compétences prennent presque tout leur temps, donc plus de
créneau pour la culture. Je suis d’accord pour dire qu’il manque de temps, mais pas
pour l’idée selon laquelle les éléments culturels ne sont pas nécessaires. On en traite
en fonction du temps qu’on dispose. C’est une question de dosage.
Est-ce que vous prêtez attention au culturel dans l’enseignement LV2 ? Si oui, à
quel point ?
X2: Je veille à traiter les éléments culturels, mais à un certain degré
seulement.
Que pensez-vous du rôle de la culture dans l’enseignement et l’apprentissage
LV2?
X2: Les éléments culturels et linguistiques se complètent pour former la
compétence communicative de l’apprenant. Ils entretiennent entre eux des relations
étroites.
Est-ce que vous sélectionnez les éléments de la culture à enseigner ? Traiez-vous
tous les points abordés par le texte ou seulements quelques-uns ? Si vous avez à
choisir, quels seront les critères ?
X2: Bien entendu, il faut choisir. Je retiens ce que je connais, ce dont je suis
sûre, et je laisse de côté ce sur quoi j’hésite. Si non, je donne le texte aux étudiants à
lire chez eux. S’ils ne comprennent pas quelque chose, ils viendront me le demander
et je leur expliquerai. Pour que la transmission des éléments culturels réussit,
l’esnseignant devrait disposer d’un certain capital sur la culture à enseigner. C’est
pourtant ce qui fait défaut à notre corps enseignant actuel. Beaucoup, par manque de
connaissances en la matière, hésitent à aborder les éléments culturels dans leurs
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cours.
Qu’est-ce qui expliquerait l’insuffisance des enseignants dans ce domaine ?
X2: En fait, je n’ai aucune idée en ce qui concerne l’anglais. Peut-être qu’en
anglais, les informations mises à jour sont plus accessibles qu’en français. On trouve
peu d’informations présentées en français. Les enseignants doivent sans cesse mettre
à jour leurs connaissances à travers la presse, les livres,... ce qui est en réalité
impossible pour les enseignants qui travaillent avec le manuel.
Quelles sont vos difficultés ? Et pourquoi ?
X2: - Premier problème : le temps. Comme c’est LV2, la culture ne bénéficie
pas de cours proprement réservés. Au manque de temps s’ajoute le caractère
facultatif. Les enseignants laissent donc tomber les éléments culturels. Seul ceux qui
s’y intéressent ou sont dotés d’un certain fonds en la matière les introduisent dans
leurs cours.
- Deuxième problème : L’enseignant lui-même manque d’informations et d’ouvrages
de référence. Il n’est pas suffisamment équipé pour surmonter les difficultés.
Quelle est la réaction des étudiants quand ils découvrent des éléments culturels
étrangers, ou même opposés à leur culture maternelle ?
X2: Ah... Je n’en ai jamais eu l’expérience.
Quand vous introduisez les éléments culturels dans le cours, les étudiants les
reçoivent passivement ou y participent de manière active ?
X2: Ça dépend de la manière de transmission de l’enseignant. En fait, faute de
temps, je me limite au travail d’information et ne dispense pas de cours de culture
proprement dits.
Est-ce que vous avez constaté des cas où les étudiants réagissent en critiquant ou
en sous-estimant certains phénomènes culturels ? Et pourquoi ?
X2: Je n’en ai jamais eu l’expérience.
À votre avis, est-ce que la découverte d’une nouvelle culture aiderait à mieux
comprendre la nôtre ? Pourriez-vous citer quelques exemples ?
X2: Il va de soi que les étudiants confronte souvent la culture de l’autre à leur
culture maternelle. Cela leur permettrait de prendre du recul et de mieux
appréhender leur culture.
Quelle serait, d’après vous, la relation entre les connaissances culturelles et
linguistiques dans l’enseignement et l’apprentissage des langues étrangères ?
X2: Elles s’imbriquent et interagissent entre elles. Elles sont toutes
indispensables. En l’absence des unes ou des autres, la compétence communicative,
but final, ne pourrait être atteinte.
Avec vos expériences, qu’est-ce que vous proposeriez pour l’enseignement LV2 ?
X2: - Augmenter les crédits horaires. Réaliser une répartition plus
raisonnable.
- Perfectionner la méthodologie pédagogique, par exemple : comment introduire les
connaissances culturellles dans l’enseignement des langues étrangères ?
ENTRETIEN No3
(X3)
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Quel est, d’après vous, l’objectif de l’enseignement LV 2 ?
X3: C’est d’aider les étudiants à lire les documents, et c’est un plus pour leur
candidature à un poste d’emploi.
Avez-vous un tel ou tel programme, ou tels ou tels objectifs fixés par la direction?
X3: J’ai seulement la répartition (nombre de séances), le nombre d’heures
pour l’enseignement LV2 (280-320 séances) et le manuel. Je ne connais pas les
objectifs de l’enseignement LV2.
Vous faites vous même la répartition ?
X3: Oui. Je décide les crédits horaires, les connaissances à enseigner :
grammaire, linguisitque et culture.
Quelles sont les connaissances à acquérir pour les étudiants de LV2 ?
X3: Les étudiants doivent acquérir :
Les connaissances grammaticales
Les connaissances linguistiques : compétence communicative. Le niveau “B”.
Certes, le manuel présente de nombreuses connaissances culturelles. Mais je ne peux
pas tout exploiter, par manque d’expériences et de sens critique. Prenons par exemple
les exercices de compréhension écrite et orale. Surtout dans ceux de compréhension
orale, l’oral est très lié aux éléments culturels. Parfois, il me semble que mes
explications ne sont pas très suffisantes. Si j’avais pu vivre une situation pareille, mes
explications seraient meilleures.
À quel point vous intéressez-vous aux éléments culturels ?
X3: Je fais attention aux éléments culturels, car je pense que langue et culture
vont toujours ensemble. La compréhension d’un tel ou tel mot serait superficielle sans
les connaissances culturelles. Par conséquent, les éléments culturels sont très
importants parce que si les explications n’en sont pas suffisantes, l’étudiant va vite les
oublier. J’arrive même à faire une étude comparative, qui est assez profonde
d’ailleurs, en exploitant le culturel. Je traite tous les éléments culturels contenus dans
chaque leçon.
Est-ce que cette pratique est régulière ?
X3: Oui. Tant qu’une leçon implique des éléments culturels, je ne les laisse
pas passer inaperçus. Je fais autant qu’il m’est possible. Même en traitant de
grammaire, je fais volontiers du culturel s’il y a quelque chose de culturel dedans.
L’attention particulière au culturel vous cause-t-elle du retard par rapport à la
répartition?
X3: Oui. Quand il y a quelque chose d’intéressant, j’y mets beaucoup de
temps. Donc, je suis en retard. Mais ce n’est pas grave. Pourvu que mes étudiants y
trouvent de la motivation. Les crédits horaires sont flexibles.
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Est-ce que vous faites la sélection des éléments culturels à enseigner ?
X3: Ah...ah... Je dois suivre le manuel.
Sur quels critères vous appuyez-vous pour choisir les éléments culturels à
enseigner?
X3: Ces éléments doivent avoir trait au contenu de l’unité. Il existe de nettes
différences entre la culture des apprenants et celle de la langue cible. Bien sûr que le
lien existe.
Quelle est la réaction de vos étudiants en découvrant une culture étrangère ?
X3: Ah... Ils rient car c’est étrange pour eux, mais il n’y a pas encore de choc
culturel. Par exemple, je donne des cours d’expression orale sur les habitudes
alimentaires des Marocains. Je fais référence aux cultures japonnaise,, coréenne,
indienne,... L’ambiance de la classe s’anime. J’aborde même le thème sur la relation
entre les sexes. Que les gens de même sexe se promènent main dans la main est très
mal vu pour les Occidentaux, mais est normal aux yeux des Vietnamiens. En écoutant,
mes étudiants ont ri.
Est-ce que vos étudiants émettent des jugements de valeur négatifs entre telles ou
telles cultures ?
X3: Certains, oui. Mais seulement en riant, ils n’expriment pas leurs opinions.
Je leur ai toujours dit qu’il ne faudrait pas juger la culture de l’autre du point de vue
de la nôtre.
Vos étudiants se comportent comme acteurs de l’apprentissage ou comme
récepteur passif des connaissances ?
X3: Quand ils se sentent intéressés, la séance s’anime. À mon avis, savoir
introduire des éléments culturels appropriés pourrait susciter la motivation des
étudiants.
Faites-vous seulement du cours magistral ou incitez-vous les étudiants à prendre
leur mot pour les entraîner à la compétence discursive ?
X3: Je me limite à la présentation, et je ne leur donne la parole que pendant
les cours d’expression orale. Quant aux étudiants de LV2, le temps ne me le permet
pas. Cela peut s’appliquer pour les étudiants des classes élites, et n’est pas applicable
pour les LV2 qui sont plutôt passif et n’ont pas le niveau.
Est-ce que le créneau horaire réservé à la LV2 est raisonnable ?
X3: Raisonnable. Mais seulement pour les étudiants qui veulent apprendre.
Est-ce que la découverte d’une nouvelle culture aiderait les étudiants à mieux
comprendre leur culture maternelle ?
X3: Oui. Certaines choses, qu’ils font sans en avoir conscience, s’éclaircissent
quand elles sont confrontées à une autre culture. D’où une meilleure compréhension.
À votre avis, quelle serait la relation entre la langue et la culture ?
X3: La langue et la culture sont inséparables. La langue véhicule la culture.
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Écrire, parler, agir,...
Quelques-uns de vos collègues éprouvent l’insuffisance des heures de LV2. Qu’en
pensez-vous ?
X3: À chacun son point de vue. Personnellement, je pense que cela suffit, suffit
pour ceux qui veulent apprendre.
Qu’attendriez-vous des étudiants qui auront terminé les cours de LV2 ?
X3: Ils pourront communiquer, rédiger un texte simple, ou une lettre, une
demande de démission.
Il se pourrait que les étudiants, à la sortie de l’université, oublient ce qu’ils ont
appris. Pourtant, quelles seraient les connaissances qu’ils retiendront ?
X3: Les connaissances culturelles liées aux leçons.
À votre avis, serait-il nécessaire de fournir aux étudiants quelques éléments de la
culture pour qu’ils puissent s’entraîner plus tard ?
X3: Les enseignants devraient introduire ces éléments et encourager les
étudiants à l’auto-apprentissage.
Avez-vous des difficultés en introduisant dans l’enseignement les éléments de la
culture ?
X3: J’ai eu des difficultés pendant les deux premières années. Mais tout va
mieux après que j’ai terminé les études post-universitaires.
En introduisant la culture dans l’enseignement, avez-vous du succès ou de
l’échec ?
X3: Plutôt du succès, jamais d’échec. Disons les échecs c’est quand je n’ai
pas pu terminer à temps la leçon à cause d’une présentation surabondante des
éléments culturels. Quant au choc culturel, c’est vraiment rare.
Avec vos expériences, qu’est-ce que vous proposeriez pour l’enseignement LV2 ?
X3: Mes expériences sont plutôt modestes. À mon avis, il faudrait augmenter
la quantité d’éléments culturels introduits dans les cours. Quant aux administrateurs,
ils devraient organiser des formations de courte durée dans le pays et à l’étranger sur
l’intégration des éléments culturels dans l’enseignement.
ENTRETIEN NO 4
(X4)
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Quel est l’objectif de l’enseignement de la langue vivante 2 ?
X4: C’est de permettre aux étudiants d’acquérir les connaissances nécessaires
pour communiquer.
Quelles seraient les connaissances à acquérir par les apprenants de LV2 ?
X4: Les connaissances de cette langue.
Les connaissances relatives à la culture de ce pays.
Quel serait l’ordre de priorité ?
X4: D’abord les connaissances linguistiques, puis celles de la culture.
Qu’est-ce que vous attendriez chez les étudiants qui auront terminé les 2 années
de LV2?
X4: Ils pourront communiquer et comprendre ce qu’ils lisent.
Pensez-vous que le créneau horaire de l’enseignement LV2 est raisonnable ?
X4: Oui.
Quelles sont vos remarques sur l’évaluation ?
X4: C’est appliqué pour presque toutes les compétences.
Est-ce que les connaissances culturelles sont évaluées ?
X4: Je n’y ai pas pensé.
Prêtez-vous attention au culturel dans l’enseignement ?
X4: Oui. En général, je compare et explique les éléments culturels.
À quel point faites-vous attention aux éléments de la culture ?
X4: Je traite seulement ce qui est abordé dans le manuel.
Est-ce que vous en faites la sélection ?
X4: Je n’en fais pas la sélection, juste ce que le manuel mentionne.
Comment serait le succès ?
X4: Le succès tient essentiellement du fait que les étudiants sont très motivés.
Quelles sont vos difficultés en enseignant les éléments culturels ?
X4: Je rencontre les difficultés quand je n’ai pas l’expérience des points
culturels à enseigner.
Et les difficultés du côté des étudiants ?
X4: Ils se comportent comme des récepteurs passifs qui discutent rarement.
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Quelle est la réaction de vos étudiants quand ils font connaissance d’une culture
étrangère ?
X4: Rien de particulier. Pas de critiques.
Est-ce que la découverte d’une nouvelle culture aiderait les étudiants à mieux
comprendre leur culture maternelle ?
X4: Ils la confrontent à leur culture maternelle et comprennent mieux leur
culture.
Par exemple ?
X4: J’ai traité d’un texte qui racontait l’histoire de deux jeunes qui s’aiment à
l’encontre de la volonté parentale. Les amoureux sont donc amenés à partir ailleurs
pour vivre ensemble. À partir de cette histoire, j’ai expliqué aux étudiants les
différences entre les deux cultures.
À votre avis, quelle serait la relation entre la langue et la culture ?
X4: Les éléments culturels aident à mieux acquérir la langue. Ces deux
aspects se complètent.
Avec vos expériences, qu’est-ce que vous proposeriez pour l’enseignement LV2 ?
X4: Il faudrait utiliser des documents authentiques.
Que les administrateurs accordent plus d’intérêt à la LV2.
Les formations sur l’intégration des éléments culturels dans l’enseignement sont les
bienvenues.
ENTRETIEN No 3
(X5)
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Depuis combien de temps enseignez-vous les langues étrangères (L.E.)
générales ou de spécialité ?
X5: J’enseigne depuis 5 ans les langues étrangères générales et de
spécialité.
Quel est, à votre avis, l’objectif de l’enseignement de la langue vivante 2
(LV2) ?
X5: C’est de fournir aux étudiants les connaissances et compétences
d’un certain niveau mais pas trop élevé. Ils pourront engager des
conversations simples et courantes.
Quelle est l’importance des compétences fixées dans l’objectif de
l’enseignement ?
X5: C’est difficile à déterminer.
Le lexique et la grammaire.
La pratique de la compréhension orale, de l’expression orale et écrite.
Quelles attentes porteriez-vous sur les étudiants ayant passé 2 années
de L.E. ?
X5: C’est de pouvoir communiquer dans la vie courante et au travail.
À quel point vous intéressez-vous aux éléments de la culture ?
X5: Je les présente à mes étudiants, en faisant référence à leur
culture. J’ajoute d’ailleurs d’autres informations ou des exemples pour les
aider à comprendre.
Est-ce que vous faites la sélection des éléments culturels à enseigner ?
X5: On ne pourra pas traiter tous le contenu culturel du manuel. Je
choisis et en ajoute d’autres qui ne sont pas dans le manuel.
Faites-vous l’évaluation des acquis culturels de vos étudiants ?
X5: J’introduis les elements culturels dans les devoirs de
compréhension écrite, dans les exercices de vocabulaire, de grammaire sous
forme de QCM.
Quelle est la réaction de vos étudiants en découvrant une culture
étrangère ?
X5: Rien de particulier. Ils ont l’air très intéressés et curieux. Et ils la
confrontent avec la culture maternelle.
Faites-vous souvent de la comparaison ?
X5: Oui. La comparaison enrichit les acquis des étudiants.
Est-ce que la découverte d’une nouvelle culture aiderait les étudiants à
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mieux comprendre leur culture maternelle ?
X5: Oui. Ils utilisent parfois des éléments ou lexiques sans en avoir
conscience. Mais quand ils découvrent des éléments culturels nouveaux, ils
s’en rappellent.
Quel rôle jouerait la culture dans l’enseignement des langues étrangères
?
X5: La culture est très importante dans l’enseignement. Une bonne
compréhension de la culture de la langue cible favorise la transmission, donc,
la compréhension de l’apprenant.
En tant qu’administrateur, pensez-vous qu’il soit nécessaire d’introduire
les éléments de la culture dans l’enseignement de la LV2 ?
X5: Je pense que oui, car les éléments culturels sont intéressants et
capables de motiver les apprenants. Pourtant, faute de temps, la plupart
d’enseignants ne peuvent en exploiter suffisamment.
Vu les contraintes de temps imposées par le programme, l’enseignant
ne peut traiter à fond le culturel. Pensez-vous alors que l’enseignant
devrait entrainer davantage les étudiants à l’auto-apprentissage ?
X5: Je pense que oui. Car les heures de cours étant insuffisantes, les
étudiants devraient travailler par eux-mêmes. L’important est que les
enseignants le sachent. Par conséquent, les enseignants doivent préparer et
favoriser leurs étudiants dans l’auto-apprentissage.
Reprenons la question sur la nécessité d’introduire les éléments de la
culture dans l’enseignement de la LV2.
X5: Notre groupe est en train d’élaborer le manuel. Les éléments
culturels sont pris en compte et adaptés à la spécialité des étudiants.
Je trouve que la réélaboration du manuel n’est pas nécessaire. Il suffirait de
nous appuyer sur le manuel car celui-ci contient déjà des éléments culturels.
Vous avez une double fonction : enseignant et administrateur. Que
proposeriez-vous pour l’enseignement de la LV2 ?
X5: La durée de 2 années est suffisante.
Quelles les connaissances et les compétences les étudiants
retiendraient-ils au bout de 2 années d’études ?
X5: Les connaissances fondamentales sur le lexique et la grammaire.
Les étudiants n’oublieront jamais ce qui les intéressaient en classe, un certain
élément culturel par exemple.
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