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MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION ET DE LA FORMATION
UNIVERSITÉ DE PÉDAGOGIE DE HÔCHIMINH-VILLE
_____________________________
Trương Thị Minh
LA PRÉPOSITION À
ET SON ENSEIGNEMENT
EN CLASSE DE FRANçAIS LANGUE ÉTRANGÈRE
MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
EN DIDACTIQUE DU FRANçAIS LANGUE ÉTRANGÈRE
60 14 10
SOUS LA DIRECTION DE MONSIEUR:
HUỲNH THANH TRIỀU
HôChiMinh-ville – 2007
REMERCIEMENTS
J’adresse mes sincères remerciements à Monsieur Huỳnh Thanh Triều, mon directeur
de recherche, pour toute l’attention qu’il m’a portée, les conseils et les remarques qu’il m’a
donnés tout au long de mes études. Les échanges que j’ai eus avec lui m’ont ouvert de
nouvelles perspectives et m’ont donné le courage de poursuivre et d’approfondir ma
réflexion. Sans ses aides, je n’aurais pas pu réaliser ce mémoire.
Mes remerciements et ma reconnaissance viennent à tous mes proches qui m’ont
encouragée pendant cette recherche et sans le soutien desquels ce travail aurait difficilement
vu le jour.
Je tiens aussi à exprimer ma gratitude à tous mes professeurs au Département de
Français de l’Université de Pédagogie de HôChiMinh-ville qui m’ont formée.
Un grand remerciement à Madame Nguyễn Xuân Ngọc Huyên et Monsieur Trần
Chánh Nguyên pour leurs conseils et leur encouragement.
Je voudrais exprimer mes remerciements au secrétariat de CREFAP et à la
bibliothécaire du Département de Français pour leurs prêts de documents de recherche.
Mes remerciements viennent aussi à tous mes amis et collègues qui m’ont apporté
des aides et des suggestions précieuses.
INTRODUCTION
Apprenante hier, enseignante aujourd’hui dans la diffusion du français langue
étrangère, nous avons accumulé au fil du temps autant de connaissances que
d’interrogations sur deux langues, le vietnamien, notre langue maternelle, et le français,
notre langue-cible. Toutes les deux attirent notre attention et nous aspirons à bien les
connaître, surtout quand il s’agit de passer de l’une de ces deux langues à l’autre. Nous
sommes cependant consciente que sur le chemin de leur conquête les diffficultés sont
nombreuses et relevant de tous les plans: phonologique, morphosyntaxique,
lexicosémantique, communicatif, socio-culturel. À tout moment, ces difficultés peuvent
entraver l’enseignement-apprentissage, et aller explorer leur nature s’avère une tâche
incontournable. Dans le vaste ensemble des problèmes de langue qui doivent solliciter notre
investigation, nous avons décidé de nous limiter à l’étude sur la préposition à du français,
ainsi que ses équivalents en vietnamien.
Des questions qui semblent bien simples nous ont pourtant hantée durant nos années
d’étude: Quelle est la différence entre au sud et dans le sud ? Pourquoi disons-nous trên
trang nhất pour désigner la première page d’un journal, alors que les Français disent à la
une ? À présent, nous sommes encore embarrassée devant bon nombre de cas où il doit y
avoir une seule possibilité entre à, en et de. La réalité montre que la plupart des apprenants,
quand ils produisent un énoncé, ont tendance à tenir compte seulement du sens des mots,
mais n’accordent pas assez d’attention aux relations entre eux et à leurs structures
syntaxiques. En réalité, à côté de la valeur sémantique - souvent floue - des prépositions, on
doit avoir en vue leur contexte, même leur contexte extralinguistique, pour pouvoir donner
la solution adéquate. Un énoncé mal structuré n’a pas de sens, et il entrave la
communication, car la phrase est un ensemble de mots, mais un ensemble de mots ne
constitue pas sûrement une phrase. L’emploi des prépositions représente le cas le plus
typique du ce caractère structural de l’énoncé. Les prépositions jouent le rôle de pivot entre
les éléments de la phrase en mettant les mots en relation et indiquent les fonctions qu’ils
assurent. Si l’on change une préposition, on change aussi la structure et le sens de la phrase :
parler de quelqu’un n’a pas le même sens que parler à quelqu’un, et demander de faire
quelque chose ne signifie pas la même chose que demander à faire quelque chose... Mais
tout cela montre aussi à quel point est important le rôle du contexte dans la détermination du
sens d’une préposition. Un autre contexte est toujours susceptible de donner à la préposition
un autre sens, et ce phénomène s’observe aussi bien en français qu’en vietnamien, ce qui fait
que, dans les deux langues, la plupart des prépositions sont en fait polysémiques. À notre
avis, il n’est pas exagéré d’affirmer que dans les contextes qui suivent, ce sont les
environnements syntaxiques de sur en français, et de với en vietnamien, qui leur donnent un
sens bien circonscrit : un livre est sur la table ; je compte sur mon ami ; c’est une étude sur
le comportement des enfants / đứa bé chơi bóng với những đứa bạn của nó ; cô ấy trở về với
những người thân của mình ; với tôi, vấn đề này là quá khó.
La préposition à est une préposition particulièrement polysémique, parfois ambiguë.
Une phrase comme J’achète des fleurs à Mme Dupuis peut signifier soit j’achète des fleurs
pour en offrir à Mme Dupuis, soit J’achète des fleurs chez Mme Dupuis.
Toutes ces observations nous ont amenée aux questions : Quels sont les emplois de la
préposition à ? Quelles sont les valeurs sémantiques de cette préposition? Toutes les
constructions de la préposition à sont-elles traduites en vietnamien? Comment peut-on
l’enseigner ? C’est dans l’intention d’aller explorer ces terrains, qui nous semblaient encore
mal connus, que nous nous sommes fixé pour objectif de relever et d’analyser les
constructions où s’emploie cette préposition, ainsi que de chercher les solutions au
problème didactique posé.
Notre mémoire se compose de quatre chapitres. Le premier chapitre aborde les
notions concernant les prépositions en général. Le deuxième présente les structures et les
valeurs sémantiques de à. Dans le troisième chapitre nous procédons à une étude contrastive
de à et de ses équivalents en vietnamien. Au quatrième chapitre, nous proposons une
démarche didactique pour l’enseignement de cette préposition en classe de français langue
étrangère ; la démarche proposée s’inspire du mécanisme psycholinguistique de
l’apprentissage, et s’accompagne de quelques suggestions pour exercices et activités en
classe.
Puisque notre étude a pour point de départ les constructions de la préposition à, nous
avons consulté Le Bon usage de GRÉVISSE et Grammaire du français de WAGNER et
PINCHON (1991), les ouvrages spécialement conçus pour la pratique de la langue.
Concernant la didactique des langues, nous nous sommes référée à BESSE et PORQUIER
(1984) et à CUQ (1996) pour tout ce qui a trait à l’apprentissage de la grammaire, les
dimensions psycholinguistiques de l’apprentissage, l’analyse contrastive, l’interlangue,
l’analyse des erreurs et l’interférence de la langue maternelle sur la langue-cible. Pour éviter
le caractère subjectif des exemples, nous avons recouru la plupart du temps aux phrases
trouvées dans des ouvrages littéraires. La traduction est également tirée des livres bilingues,
à savoir Les Misérables de HUGO, Les Trois Mousquetaires de DUMAS et Le rouge-gorge
et les autres contes et récits de NGUYỄN Mạnh Súy.
CHAPITRE 1
LES PRÉPOSITIONS EN FRANÇAIS
La phrase est formée par différentes classes de mots dont celle des prépositions. Les
prépositions sont des mots simples ou des locutions invariables, servant à rattacher, dans
une relation de subordination, les mots et les syntagmes de la phrase, et à indiquer leurs
fonctions. Reconnaissons que les prépositions ne représentent pourtant pas le seul moyen de
marquer la fonction des mots, car l’ordre des mots peut en faire autant : Le policier a abattu
le malfaiteur / Le malfaiteur a abattu le policier.
1.1. Syntaxe des prépositions en français
La classe des prépositions n’a pas d’unité morphologique. On distingue
traditionnellement entre prépositions simples et prépositions complexes (ou locutions
prépositionnelles).
Les prépositions simples constituent, en principe, une liste fermée. Elles varient
légèrement selon que l’on prend ou non en compte certains tours littéraires ou archaïques.
Parmi les prépositions simples, un premier ensemble est constitué par des formes issues du
latin : à, de, en, entre, jusque, par, pour, sans, sous, sur. Une série des formes simples
appartient également à la classe des adverbes : avant, avec, depuis, derrière, devant, des
substantifs : malgré ; des adjectifs : plein, proche, sauf... Un autre ensemble de prépositions
simples dérive de la classe des participes : excepté, hormis, passé, durant, pendant...
Les locutions prépositionnelles résultent de l’amalgamme de mots dont la
construction peut être diverse : grâce à, faute de, à l’aide de, à l’insu de, à même de, à
raison de, en face de, à partir de... «La liste des locutions préposititionnelles doit être
considérée comme ouverte, car de nombreux assemblages tendent à se lexicaliser. C’est le
cas des groupes comme : à concurrence à, à la suite de... qui n’attendent que la sanction des
grammaires et des dictionnaires. » (ARRIVÉ, GADET et GALMICHE, 1986, pp 561-562).
Les prépositions sont des termes qui jouent un rôle relationnel, c’est-à-dire un rôle de
pivot entre deux termes. D’après DUBOIS et LAGANE (1993, pp 139-140), en français on
peut distinguer les constructions prépositionnelles en deux grands types en se basant sur les
termes liés par la préposition : le terme complété (un verbe, un substantif, un adjectif, un
pronom ou un adverbe) et le terme complément (un nom, un pronom, un participe, un
adverbe, un infinitif).
À l’intérieur du groupe nominal, les prépositions relient un nom à un autre nom :
l’intérêt de cet ouvrage, son goût pour la marche..., ou un nom et un adjectif : il est prêt à
travailler. À cet égard, elles entrent dans la formation des locutions composées qui font
partie ou non du lexique de la langue. Des mots composés comme verre à pied, tasse à thé,
corbeille à pain... font partie du lexique ; cependant, sur le même modèle nom + prép +
nom, on peut former en discours un nombre indéfini de composés: un bol de chocolat, un
verre de lait..., qui ne font nécessairement pas partie du lexique.
À l’intérieur d’un groupe verbal, les prépositions relient au verbe de divers types de
compléments verbaux, qu’il s’agisse des compléments circonstanciels : Vers le soir, un
orage éclata, ou des compléments d’objet indirect introduits par les prépositions à et de : Il
rêve de partir, ou encore du complément d’agent des verbes à la voix passive, introduit par
la préposition par : L’entretien a été réalisé par un journaliste spécialisé.
Autrement dit, le rôle des prépositions ressort de la comparaison qu’on peut établir
entre les constructions directes et les constructions indirectes. Les constructions directes
reposent sur la juxtaposition de deux termes non parallèles. Les fonctions de ceux-ci se
déduisent des critères que fournissent l’accord (ou le non-accord), la place respective des
termes, le sens et la pause marquée par une virgule. Les constructions indirectes se
définissent au contraire comme celles où la dépendance d’un terme ou d’un groupe par
rapport à un autre est marquée au moyen d’un mot approprié.
J’ai trouvé ces livres.
Je les ai trouvés.
J’ai trouvé, à ma grande surprise, ces livres.
J’ai trouvé ces livres chez un bouquiniste.
WAGNER et PINCHON (1991, p. 476) estiment qu’on peut classer les prépositions
d’après les critères historique et sémantique, ce qui doit donner le classement historique et le
classement sémantique. Pourtant, le classement historique est rendu difficile du fait de la
rareté ou de l’absence de témoignages sur le développement des prépositions au cours de
l’époque gallo-romaine. Il ne permet pas non plus de montrer comment s’organise en
français moderne le jeu des différentes prépositions. Pour le classement sémantique, il est
inefficace et dangereux dans la mesure où il morcelle à extrême et arbitrairement les valeurs
d’emploi d’une même préposition, et aussi parce qu’il confère aux prépositions des sens qui
se dégagent du contexte où celles-ci figurent. Par exemple, nous avons une seule ou
plusieurs valeurs sémantiques pour la prépositions sur dans : être sur la table, discuter sur
quelque chose, compter sur quelq’un, trois sur dix… ?
Ainsi, pour les prépositions caractérisés par des emplois nombreux et variés, il est
préférable d’analyser ceux-ci d’après la nature morphologique des mots et des groupes de
mots dont les prépositions assurent la liaison. Ce faisant, on doit tenir compte, d’abord, de
l’indépendance plus ou moins grande du mot ou du groupe de mots construit. C’est à ce
critère que renvoie la distinction entre les compléments circonstanciels, dont la place est
relativement libre, et les compléments déterminatifs qui sont rattachés d’une façon plus
étroite au terme déterminé. Ensuite c’est le caractère locutionnel ou vivant de ces
constructions et la productivité plus ou moins grande de ces syntagmes. Enfin, ce sont des
normes de style qui différencient l’emploi d’une préposition à l’époque classique de son
emploi en français moderne.
Pour la place des prépositions, généralement, elles suivent le terme qu’elles
complètent ou qui forme avec elles une unité syntaxique et sémantique, surtout la
préposition à et de.
Il dit bonjour à Marie (dire bonjour à quelqu’un).
*Il dit à Marie bonjour.
Il y a un ordre obligatoire du complément introduit par les prépositions. Le
complément se place généralement juste après le terme complété. Mais dans certains cas, on
peut changer la place du groupe prépositionnel, surtout des groupes prépositionnels
remplissant la fonction de complément circonstanciel.
Les enfants ont un petit repas à 16 heures.
À 16 heures, les enfants ont un petit repas.
Quelques prépositions en français peuvent avoir une grande liberté dans certains
contextes. En français moderne, on intercale parfois un terme secondaire, un adverbe le plus
souvent, pour renforcer la valeur sémantique de ce groupe prépositionnel. Cette construction
est particulièrement fréquente pour avec et sans.
Ni dans l’un ni dans l’autre cas, il n’a su agir correctement.
Il arrivera avec certainement son frère.
En cas de transformation de phrases (par exemple la nominalisation ou la
transformation d’un groupe verbal en groupe nominal), on constate tantôt la permanence des
mêmes prépositions, tantôt l’apparition ou la disparition d’une préposition.
Discuter sur un problème.
→ La discussion sur un problème.
Un nouvel indice a été découvert par les enquêteurs.
→ La découverte d’un nouvel indice par les enquêteurs.
Les prépositions de et à peuvent apparaître quand le complément d’un verbe est un
infinitif (nominalisation infinitive). La préposition de joue un rôle spécialement important
dans les transformations de ce type. Elle apparaît devant le groupe du nom qui était sujet ou
objet avant la nominalisation.
Pierre m’a demandé ma voiture.
→ Pierre m’a demandé de lui prêter ma voiture.
Il m'a demandé qu’on le décharge de cette tâche.
→ Il m'a demandé à être déchargé de cette tâche.
Le train arrive.
→ L’arrivée du train.
Pour la transformation des groupes prépositionnels en pronoms compléments, on
observe la disparition des prépositions à et de dans les constructions verbales de
complément indirect si le complément est un nom (à l’exeption de quelques verbes
particuliers comme penser à quelqu’un, s’intéresser à quelque chose...). Les prépositions
chez, dans, sur par exemple qui introduisent le complément circonstanciel de lieu sont
remplacées par le pronom y. Pour d’autres prépositions, on constate leur permanence avec la
présence des pronoms toniques.
J’ai déjà parlé de cette affaire.
→ J’en ai déjà parlé.
J’ai déjà parlé à Marie de cette affaire.
→ Je lui en ai parlé.
Il y a un grand mur devant Morganne.
→ Il y a un grand mur devant elle.
Il y a bon nombre d’études portant sur l’acquisition des pronoms et la transformation
des groupes prépositionnels en pronoms compléments dont celle de Đường Công Minh
(1997) sur l’acquisition des pronoms personnels français chez les apprenants vietnamiens, la
thèse de Vũ Văn Đại (1999) sur le syntagme nominal en français et en vietnamien.
L’utilisation des pronoms compléments en général et des pronoms personnels en particulier
présentent des difficultés aux apprenants vietnamiens. En principe, pour savoir utiliser ces
pronoms, ils doivent bien retenir les constructions verbales avec l’emploi des prépositions.
Or, en français, les normes qui permettent l’emploi correct des prépositions relèvent plus du
lexique que de la grammaire à proprement parler. Elles donnent lieu parfois à des
distinctions dont l’explication est subtile.
donner qqch à qqn → lui donner qqch
penser à qqch → y penser
penser à qqn → penser à lui (à elle…)
parler de qqch → en parler
parler de qqn → parler de lui (d’elle…)
1.2. Les valeurs sémantiques des prépositions
En dehors du rôle qu’elles jouent dans la construction des syntagmes, les prépositions
évoquent un rapport, c’est-à-dire un sens. Celui-ci peut être précis et limité. C’est, par
exemple, le cas de entre, selon, parmi... et de la plupart des locutions prépositionnelles. Ces
mots ont en conséquence un nombre d’emploi restreint. Certaines prépositions et toutes les
locutions prépositionnelles du type en dépit de, aux alentours de... ont une signification
stable et n’introduisent que des compléments circonstanciels. Dès a toujours un sens
temporel et à cause de... porte toujours un sens causal. Mais les prépositions peuvent,
normalement, se charger de plusieurs sens, et la plupart d’entre elles cumulent de
nombreuses significations : temporelles, spatiales, causales, concessives... Les prépositions
comme à, de, pour, en... sont particulièrement polysémiques. À, de, dans, pour, depuis, en
peuvent avoir une signification temporelle : à 8h, de 8 à 9, dans 8 jours, depuis le matin, en
2 minutes, pour demain…, mais aussi une signification spatiale: rester à la maison, revenir
de Paris, vivre au Vietnam, être dans le jardin, de Hanoi jusqu’à Hai phong...
Comme pour les autres espèces de mots, les valeurs sémantiques des prépositions se
tirent du contexte. Le rapport qu’évoque une préposition peut être établi sur plusieurs plans
et comporter des nuances variées. Examinons le sens des prépositions à, avec, vers dans les
exemples suivants :
Aller à HôChiMinh-ville (destination).
Avoir un blouson à fermeture éclair (caractérisation).
Se lever à 5 heures du matin (repère temporel).
Voyager avec un enfant (accompagnement).
Voyager avec une vieille bicyclette (moyen).
Arriver vers 10h (approximation temporelle).
Aller vers la gare (direction).
Aller vers un compromis (évolution).
À la limite, on peut dire qu’une préposition n’a pas de sens définissable. Elle joue
simplement son rôle d’instrument. C’est le syntagme où elle figure qui a un sens. Certains
grammairiens vont jusqu’à dire qu’elles sont « vides » de sens, bien que cela ne signifie
nullement qu’elles soient librement substituables. Leur sens dans un énoncé dépend très
fortement de l’interaction entre les éléments de l’énoncé, particulièrement entre les deux
syntagmes qu’elles relient : pierre de taille et taille de la pierre.
Dans certains cas, la valeur sémantique du verbe est tellement vaste qu’il devient
difficile de lui accorder un statut autonome. C’est la préposition qui permet alors
d’interpréter comme il faut le sens du verbe qui la précède.
J’ai commencé à lire ce livre (commencer à: entamer une action, être au début
d’un état).
J’ai commencé par lire ce livre (commencer par : évoquer un ordre, une phase
dans une succession).
En conclusion, les prépositions appartiennent à la classe des mots grammaticaux et
jouent le rôle de médiateur à l’égard des éléments de la phrase. Dans certains cas la valeur
d’une préposition se définit par elle-même, dans d’autres elle dépend du contexte où figure
la préposition. Mais généralement le choix d’une préposition dépend des mots qui
l’entourent. Il n’est pas rare que l’emploi de telle ou telle préposition soit arbitraire ou
purement conventionnel.
CHAPITRE 2
UNE TYPOLOGIE D’EMPLOI
DE LA PRÉPOSITION À
Pour maîtriser une langue, il faut posséder un bon vocabulaire, savoir bien remuer les
mots et agencer adroitement les prépositions. Dans cette tâche, l’utilisation des prépositions
est considérée comme un chemin avec des carrefours, car le rapport qu’évoque une
préposition peut être établi sur plusieurs plans et comporter des nuances extrêmement
diverses. Comme nous l’avons précisé, certaines prépositions ont une valeur par elles-
mêmes, et on les renonnaît principalement dans les emplois circonstanciels, telles sont
contre, parmi, chez... D’autres, inversement, ont une valeur complexe, qui dépend de la
construction dans laquelle elles sont employées, telles sont de, à, en, sur… Parmi ces
dernières, comme nous l’avons remarqué, à est particulièrement polysémique.
D’après le Petit Robert (1994), la préposition à vient du latin, ad, ab et apud et se
trouve en tête de la liste des prépositions françaises. Morphosyntaxiquement, elle est classée
parmi les prépositions simples, mais elle peut se combiner avec d’autres mots pour former
des locutions prépositionnelles : à côté de, au milieu de, à partir de, à l’opposé de, au delà
de, au-dessus de, à l’exception de… À se trouve ainsi dans de nombreuses structures
syntaxiques, avec une grande diversité de sens, ce qui ne manque pas de provoquer des
difficultés aux apprenants vietnamiens, surtout quand une structure du français ne trouve pas
son équivalent en vietnamien. Pour la plupart des apprenants, à ne signifie que ở, tới ou vào
lúc, autrement dit, simplement un lieu, une destination ou un moment du temps. Or, ce ne
sont que quelques emplois de cette préposition, car on peut avoir aussi, par exemple, une
tasse à café, l’homme aux lunettes, ce problème consiste à… , à vous écouter… , chanter à
faire trembler les vitres…, avoir quelque chose à faire… De plus, à est facilement
substituable par une autre préposition lorsqu’une légère modification de sens s’introduit
dans l’énoncé.
Il va à la mer (contact, limite).
Il va en mer (généralité).
Il va dans la mer (intériorité).
Pourtant, « l’étude de la construction seule est cependant insuffisante. Deux
constructions semblables peuvent produire des différences de sens importantes, autrement
dit, une même structure de surface peut correspondre à différentes structures profondes [...].
Il arrive aussi que deux constructions différentes produisent le même effet sens. Cela ne
veut pas dire qu’il faille renoncer à l’analyse syntaxique du sens mais qu’il faut chercher,
au-delà des propriétés externes, à l’intérieur de chaque construction, des propriétés cachées,
que les dictionnaires ne mentionnent jamais, et qui peuvent être révélées par divers tests
syntaxiques, qui en sont les techniques de découverte. » (PICOCHE, 1993, p. 31). Pour
illustrer ce phénomène, outre la construction acheter quelque chose à quelqu’un, on peut
mentionner encore celle de la vue d’une personne où, sans un contexte précis, on ne peut
savoir s’il s’agit d’un sens subjectif ou d’un sens objectif : cette personne voit quelque
chose ou on voit cette personne. Dans le même type de construction, on peut renconrer aussi
l’amour d’une personne ou la haine d’une personne.
2.1. Le lieu
À peut établir un lien avec le substantif qui la suit pour exprimer un lieu. Ce groupe
prépositionnel assume alors la fonction de complément circonstanciel. Comme tel, il peut se
rapporter à l’ensemble de la phrase :
À la campagne, la vie est moins chère qu’à Paris.
ou à un terme particulier :
Une maison à la campagne présente bien des agréments.
Nous avons précisé plus haut qu’à la différence de à, la préposition en a une valeur
généralisante quand elle désigne un lieu. Cependant, devant les noms géographiques
désignant les pays, cette caractéristique s’estompe et cède la place à un usage où ces deux
prépositions se substituent de façon complémentaire. Tandis que à va avec les noms de pays
masculins commençant par une consonne ou au pluriel, en va avec les nom de pays féminins
et les noms masculins commençant par une voyelle : au Vietnam, au Japon, aux États-Unis,
en France, en Allemagne, en Iran, en Irak, en Israel… La différence entre les noms qui
indiquent les départements ou les provinces en France et au Vietnam amène aussi à deux
types de constructions.
Il habite dans les Yvelines.
Il habite à Nghệ An.
Dans l’identification d’un arrondissement, on observe l’absence de la préposition à et
la substitution de celle-ci par dans.
Notre école se trouve dans le cinquième arrondissement.
Il faut remarquer que la localisation spatiale peut admettre des différentes
prépositions, avec des différentes nuances de sens. À, par exemple, a un sens plus général
que dans ou en.
À l’école, cet élève se comporte bien.
Dans l’école, règne une animation vivante.
Il habite à la campagne.
Il habite en ville.
À l’école évoque plutôt l’endroit de l’activité scolaire laquelle peut se passer à
l’intérieur ou en dehors des locaux de l’école, tandis que dans l’école signifie
nécessairement que le procès se passe à l’intérieur de ses locaux. La ville est considérée
comme un espace volumineux, elle est entourée par la banlieue et le centre ville est
considéré comme le noyau de la ville. Alors que la campagne évoque un espace plat. La
préposition en marque en général l’intérieur d’un espace, donc la ville va avec en, tandis que
la campagne va avec à. Si l’on compare dans et en, à l’égarde de ville, on peut dire que
vivre en ville prend le sens de confort, de consommation, de grands bâtiments, tandis que
vivre dans la ville de Paris désigne simplement un endroit.
Nous avons vu que lorsqu’il s’agit d’un volume, on a recours à dans, et que quand il
s’agit d’un espace de surface ou d’une vision de superposition, on utilise sur. Or, à propos
d’un journal, on observe qu’il existe trois constructions prépositionnelles possibles : dans le
journal, sur le journal et à la une. Pour les Français, le journal est considéré comme un
livre, donc un volume composé de plusieurs pages contenant des informations, ce qui
justifie des phrases comme Il a trouvé un emploi dans le journal. Mais le journal est aussi
un objet concret sur la surface duquel tout autre objet peut trouver son emplacement, ce qui
explique des phrases comme Il a mis la bouteille sur le journal. L’expression la une évoque
plutôt une partie de l’ensemble des informations contenues dans un journal, non pas un
objet concret. Mais la une n’est pas un objet volumineux, ce qui ne tolère pas la
construction dans la une. À la une se trouve alors la solution la plus adéquate pour
neutraliser à la fois une vision d’intériorité et celle de superficialité.
Concernant l’opposition entre à, en et dans, CHEVALIER, BLANCHE-
BENVENISTE, ARRIVÉ et PEYTARD (1964, p. 404) ont présenté l’histoire de cette
distinction. On a employé à autrefois, jusqu’au XIXè siècle, devant les noms de pays de
genre féminin, désignant des contrées lointaines (aller à la Chine, à l’Amérique...). Dans
cette conception, la préposition à présente le lieu comme extérieur, alors que en le présente
comme intérieur. Or, la plupart des pays lointains (ou conçus comme tels) étaient du
masculin: ils recurent la préposition à et l’article. Comme la France et la plupart des pays
proches étaient du genre fénimin, ils recurent l’aspect de lieu intérieur. On les fit précéder
de en sans article. Jusqu’au XVIIIe siècle, on a pu employer en devant certains noms de
villes. On trouve sous la plume de Racine : J’écrivis en Argo, mais cet usage a été
condamné par les grammairiens. Toutefois, on a dit longtemps, et l’on dit encore: en
Avignon. Sans doute faut-il voir là une survivance de l’époque où Avignon était un État
papal, un comté. Il est encore loisible d’employer en si l’on pense plus à la région
d’Avignon qu’à la ville elle-même. Une certaine mode a entrainé l’usage canstant de en
devant les noms de villes commencant par a. C’est ainsi que l’on entend couramment dire:
Je vais en Arles et même récemment, dans les journaux, en Alger.
Dans certains cas, la signification de la préposition à est péjorative, alors que dans
exprime simplement l’idée d’intériorité.
Il vit à la maison (Il est casanier, il ne sort pas beaucoup et il n’aime pas avoir
des contacts avec les autres).
Il vit dans une belle maison (Il se trouve à l’intérieur d'une belle maison).
En bref, on peut dire que de à, en, sur à dans, l’identification d’un lieu est de plus en
plus précise, en d’autres termes, d’une vision d’orientation neutre à une vision d’intériorité.
2.2. La destination
Le français distingue nettement le lieu d’où l’on vient (préposition de,
éventuellement depuis, dès) mais confond le lieu où l’on est (je suis à la maison) avec le
lieu où l’on va (je vais à mon travail). Alors que de marque l’origine, à marque la direction.
Il va à Paris.
Nous irons au théâtre demain soir.
D’Artagnan remonte sur son cheval jaune et bientôt il arrive à la porte Saint-
Antoine à Paris.
(Les trois Mousquetaires, p. 37)
Dans ces exemples, à exprime le point d’aboutissement. Pourtant, cette préposition
est remplacée par en quand le nom suivi est un nom de genre féminin, un nom géographique
indiquant une région en France (précédés par la) ou un nom commencé par une voyelle
(voir la fonction d’identification de lieu). Avec un nom masculin commençant par une
consonne ou un nom au pluriel, la contraction est exigée : aller au Japon, aux États-Unis.
Il y a des cas où d’autres prépositions entrent en opposition avec à. Suivi d’un nom
marquant le terme de mouvement, le verbe part._.ir se construit avec pour et non à : Il part
pour Paris. On doit dire aller chez le coiffeur et non *aller au coiffeur, et cette dernière
expression appartient au parler familier. La préposition à ne peut s’employer que devant le
nom représentant le lieu de la profession : au salon de coiffure. La préposition chez indique
un lieu occupé par une personne qui y vit ou qui y exerce sa profession. Mais il faut en plus
qu’existe un lien d’appartenance entre ce lieu, aussi fermé, et la personne qui sert de
référence, parce que chez exprime à la fois l’appartenance et la localisation. Quand elle
désigne une direction, la préposition à présente le lieu comme un contact : Il va à Paris ;
alors que la préposition dans présente le lieu conçu comme intérieur : Il marche dans Paris.
2.3. Le temps
Se trouvant dans la construction à+les noms communs, les noms d’heures, de fêtes
religieuses et les noms de saisons, la préposition à exprime le repère temporel en français.
Il prend son dîner à sept heures.
Le lendemain, au soleil levant, Monseigneur Myriel se promène dans son
jardin.
(Les Misérables, p. 24)
Mais l’usage de à pour la désignation du temps n’est pas toujours obligatoire.
Souvent le complément de temps se construit directement. C’est le cas des dates chiffrées
déterminées par un article : J’arriverai le 6 juin, des noms de fêtes religieuses précédées du
mot jour : Le jour de Pâques, la circulation a été difficile, des noms de saisons : Ici, l’été, il
fait très chaud et l’hiver, très froid, des noms printemps et automne lorsqu’ils sont
déterminés par un adjectif : Le printemps dernier..., des locutions le jour, la nuit : La nuit,
tous les chats sont gris. On dit aussi la semaine prochaine, le mois dernier, cette année…
Cependant, dans certains cas, la structure à+nom de temps ne désigne pas le repère
temporel comme le moment où l’action se passe.
Dans Il arrive à temps pour voir un bras passer à travers un trou et fait d’un coup de
poing (Les Misérables, p. 22) à temps signifie à bon moment.
Dans Jean Valjean est condamné à cinq ans de prison (Les Misérables, p. 22) à cinq
ans de prison signifie que Jean Valjean doit être dans la prison pendant cinq ans avec le
procès jugé par la tribune.
Dans Il travaille à la journée, avec la métonymie, à la journée est une unité de
rénumération, de paiement. C’est un travail journalier.
Et dans Jean Valjean, à sa sortie de prison, n’est plus le jeune homme qui pleurait
(Les Misérables, p. 24) à sa sortie de prison ne signifie pas seulement le moment où il est
sorti de la prison mais encore des années après. Donc ce terme est compris comme à partir
de ce moment, après la sortie de la prison.
Avec la valeur temporelle, en alterne par tradition avec à. À s’emploi sans article
devant certains noms de fête : à Noël, à Pâques, avec l’article devant certains d’autre : à la
Toussaint, et avec l’article devant les noms exprimant une époque de l’année : au début de
l’année, à la fin de l’année, au mois de… et avec le printemps. Par contre, en s’emploi
devant le nom des mois : en janvier, en octobre, devant les années : en 2007, devant trois
noms de saison été, hiver, automne.
Pourtant, l’opposition entre à et en prend parfois une valeur particulière. Quand on
veut parler de la durée d’un temps, la préposition à est remplacée par la préposition en, sauf
pour exprimer la limitation ou l’aboutissement.
En deux ans, il a fait des progrès.
Il travaille de huit heures à dix-sept heures chaque jour.
Il existe des cas où à est utilisé à la place de en, mais avec une autre valeur. À
l’automne signifie un moment de l’année et en automne veut exprimer la durée de cette
saison (pendant tout l’automne). À ce moment et en ce moment évoquent l’un et l’autre une
relation de coïncidence, mais en ce moment la pose dans l’actualité présente, véçue, tandis
que à ce moment situe, par évocation, dans une actualité passée.
À ce moment, il a entendu un bruit étrange en pleine nuit.
En ce moment, il est à Londres.
Puisque la notion de temps est diverse, on peut dire que dans l’ensemble, la
préposition à entre en opposition avec d’autres marqueurs temporels, suivant le sens que
l’on veut exprimer.
Je ferai ce travail à dix heures (moment, ponctualité).
Je ferai ce travail en dix heures (le temps nécessaire).
Je ferai ce travail dans dix heures (moment de commencement).
J’ai fait ce travail (durée).
L’indicateur temporel à valeur durative pour exprime les deux bornes de la durée
prévue pour l’aboutissement d’une action, qui peuvent commencer à une des trois époques :
présent, passé, futur : je pars / je suis parti / je partirai pour une semaine.
Pour saisir la valeur de à, il est donc indispensable de connaître la différence entre
cette préposition et en, pendant, dans et pour :
a. Pierre est parti au début de l’année (le départ de Pierre s’est passé à une époque, un
moment précis de l’année. On peut distinguer ce moment, par exemple, de la fin de l’année).
b. Pierre est parti en cinq minutes (le départ de Pierre n’a pris que cinq minutes et c’est un
départ précipité).
c. Pierre est parti pendant dix jours (Pierre est parti et qu’il a été absent pendant dix jours,
mais il est maintenant revenu).
d. Pierre est parti pour dix jours (Pierre est parti et il est actuellement absent. Son retour est
attendu prochainement).
e. Pierre partira dans trois jours (le départ de Pierre se passera d’ici trois jours).
2.4. La caractérisation ou la qualification
Comme de, la préposition à sert à caractériser ou qualifier un nom à travers deux
structures : nom+à+nom / nom+à+l’infinitif. Dans les exemples suivants, à équivaut à pour
ou avec.
Il entre dans la salle à manger.
Il prend un couteau à dessert.
Il porte un manteau à fermeture éclair.
Elle a sans doute dans le ventre une machine à faire de l’or.
(Le rouge-gorge et les autres contes et récits, p. 41)
Pourtant il y a une opposition de sens entre de et à dans ce type de constructions.
Généralement de exprime l’idée de contenu tandis que à présente le sens générique, l’usage
ou la fonction de l’objet.
Une tasse à café (une tasse destinée à contenir du café).
Une tasse de café (une tasse pleine de café).
On observe beaucoup d’autres groupes de mots qui présentent la même opposition :
un vase à fleurs / un vase de fleurs ; une coupe à champagne / une coupe de champagne...
2.5. Le mode de déplacement
La préposition à se trouve dans la construction à+nom de moyen de transport pour
exprimer le moyen, le mode de déplacement.
Dans les premiers jours du mois d’octobre, une heure avant le coucher du
soleil, un homme qui voyage à pied entre dans la petite ville de Digne.
(Les Misérables, p. 10)
Pour exprimer le moyen de transport, la préposition à est généralement en opposition
avec en. On doit dire aller en voiture mais pas *aller à voiture. « L’Académie voulait
imposer en pour les véhicules susceptibles de contenir les passagers (en voiture, en train, en
avion, en bateau, en bus...), à pour les véhicules qui supportent seulement le passager (à
cheval, à pied, à vélo). Il faudrait donc dire aller à bicyclette, à skis, à patins. Mais l’usage
courant semble vouloir faire de en la particule propre aux moyens de transport, et l’on dit
fréquemment: aller en bicyclette, en moto, en scooter » (CHEVALIER, BLANCHE-
BENVENISTE, ARRIVÉ et PEYTARD; 1964, p. 404). Cependant, on ne peut pas abuser
de cet usage pour d’autres verbes comme prendre, faire qui exigent le complément d’objet
direct.
Il prend le bus pour aller au travail.
Il fait du vélo trois fois par semaine.
2.6. La manière et l’accompagnement
La préposition à sert à construire un substantif déterminé spécifiquement. Ce
substantif a des valeurs sémantiques très différentes selon les mots qu’elle met en relation,
dont la manière et l’accompagnement. Les prépositions de et par peuvent être utilisées aussi
pour exprimer la manière, mais avec des structures différentes (avec ou sans article).
Elle vient à genoux sur le sol, au-devant de tous ces hommes sans se lever, les
mains tendues.
(Les Misérables, p. 50)
Javert se met à marcher à grands pas vers le bureau de la police.
(Les Misérables, p. 48)
Elle s’est soulevée à demi et son épaule maigre sort de sa chemise.
(Les Misérables, p. 106)
Il parle d’une voix basse.
Il me remercie d’un sourire.
Il a fini par rire.
La préposition à exprime aussi la manière dans les constructions où elle permet
d’indiquer que des personnes ou des choses se suivent ou se touchent. Cette valeur
sémantique est s’exprime dans les structures où la préposition se trouve entre les mêmes
mots répétés et sans article. On y trouve aussi l’idée de progression et d’addition : peu à
peu, mot à mot, une à une...
Petit à petit, l’oiseau fait son nid (proverbe).
Peu à peu, l’enfant devient la servante de la maison.
(Les Misérables, p. 36)
2.7. L’appartenance, la possession, la propriété
Cette valeur sémantique est exprimée à travers les verbes comme: appartenir à
quelqu’un, être à quelqu’un.
Cette maison appartient à monsieur le Maire.
Ce livre est à Ba.
On peut renforcer de façon pléonastique un rapport de possession par une structure
où la préposition à suivie d’un pronom personnel reprend l’adjectif possessif qui précède.
C’est son truc à lui.
On trouve l’opposition entre à et de dans les expressions de possession. Pourtant, le
cas de de se limite dans les constructions nominales du type nom+de+nom.
C’est le livre de Pierre.
2.8. Les parties du corps
La préposition à est employée à la place d’un possessif avec un nom désignant une
partie du corps.
Il a mal aux jambes.
Il existe une opposition entre les prépositions à, dans et sur dans la désignation des
parties du corps. Puisque l’homme se tient debout sur la terre, il décrit la position des objets
sur son corps à l’aide de sur dans une vision de superposition par rapport au ras du sol et ces
objets sont au contact avec la peau en apparence (sur la tête, sur les épaules, sur le visage,
sur la joue...). L’emploi de dans donne l’impression que l’objet se trouve à l’intérieur du
corps (une balle dans la tête, une douleur dans le ventre...). Plus fréquemment, dans va avec
les organes qui se trouvent à l’intérieur du corps (dans le coeur, dans les poumons...).
Cependant, si l’on veut désigner seulement les parties du corps sans comparaison avec
d’autres objets ou d’autres places, on utilise la préposition à, surtout dans la construction
verbale avoir mal à... Dans tous ces cas, si l’on veut poser la question sur le mot souligné,
c’est toujours à l’aide de où.
Où est-ce que tu as mal?
- J’ai mal au ventre.
Où est-ce qu’il a reçu une balle?
- Il a reçu une balle dans la tête.
Où est-ce qu’elle a des boutons?
- Elle a des boutons sur les genoux.
2.9. L’exclamation
La préposition à peut représenter une tournure élliptique à valeur exclamative. Cette
tournure est beaucoup utilisée en français quand on veut exprimer un souhait, adresser un
vœu à son interlocuteur ou fixer un rendez-vous.
À votre santé!
À bientôt!
À la semaine prochaine.
2.10. Le prix ou l’évaluation
En français, pour parler des prix, en dehors des structures avec les verbes coûter,
faire, être de, on peut utiliser les contructions où il y a la présence de la préposition à.
On paie des tomates à huit francs la livre.
Dans quelques constructions, on constate la valeur sémantique de l’évaluation.
La gare? C’est à treize kilomètres d’ici.
Il roule à cent kilomètres à l’heure.
2.11. La condition et la conséquence
La préposition à sert à construire un infinitif en fonction de complément
circonstanciel. Dans ce cas, elle introduit le sens d’une condition ou d’une conséquence.
Comme le gérondif, cette construction est comparable à une proposition subordonnée. Mais
son sens dépend de la place que cette construction occupe par rapport à l’élément
déterminé : il s’agit d’une conséquence quand elle est postposée, et d’une relation de
concomitance (qui peut comporter une nuance de cause ou d’hypothèse) quand elle est
antéposé. Pourtant, cet ordre n’est pas pertinent dans certains cas.
C’est à ne pas croire.
Il chante à faire trembler les vitres.
À l’en croire, il n’est pas coupable.
À lire dans le noir, vous allez vous user vos yeux (Vous allez vous user vos
yeux à lire dans le noir).
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
2.12. Les valeurs sémantiques de à dans les constructions verbales à complément
indirect
La valeur sémantique de la préposition à dépend de son contexte, précisément des
mots qu’elle met en relation. On peut dire que la fonction d’introduction des compléments
indirects du verbe est la plus représentative pour la préposition à. On distingue deux cas
pour cette fonction : introduire un substantif et introduire un infinitif.
2.12.1. Les valeurs sémantiques de la construction à+substantif
La préposition à sert à construire le second complément pour beaucoup de verbes
transitifs exigeant un objet direct. Dans ces constructions, le sens de à dépend du groupe
verbal qu’elle suit. Elle peut avoir la valeur attributive, la valeur d’identification ou de
caractérisation à l’égard du premier complément. Examinons les exemples suivants:
Sophie donne des bonbons à son frère.
Les campeurs suisses demandent des informations à monsieur Bonami, le
fermier.
On a ici la même construction pour les deux exemples: verbe+quelque chose (objet
direct)+à+quelqu’un (objet indirect). Pourtant la valeur de à n’est pas identique d’un cas à
l’autre. Dans le premier exemple, à prend le sens attributif. Son frère joue le rôle de
récepteur: il reçoit des bonbons de Sophie et Sophie est l’agent de l’action de donner. Pour
le deuxième exemple, on a aussi l’action d’attribuer et celle de recevoir, mais à signifie « de
la part de », ou « chez ». Elle introduit un actant qui joue le rôle de fournisseur
d’informations à l’égard du premier actant. Le sujet du verbe, les campeurs suisses, ce sont
des bénéficiaires. C’est monsieur Bonami, le fermier, qui donne des informations aux
campeurs. La préposition à est donc polysémique. Ce qui est remarquable, c’est que les
deux valeurs qu’elle donne, s’opèrent dans deux sens tout à fait contraires. Et la
conséquence en est que dans certains contextes, cette provoque une ambiguïté.
Monsieur Samson achète une maison à madame Dupuis.
Comme on peut le constater, à madame Dupuis peut signifier soit pour madame
Dupuis soit de madame Dupuis. Pour lever l’ambiguïté, il faut situer cette phrase dans un
contexte précis. Dans ces constructions, la préposition à, sans avoir toujours un sens
définissable, s’oppose tout de même à de dans la mesure où elle implique sinon un
mouvement vers..., du moins une relation qui va de l’agent de l’action à la personne, ou à la
chose qu’évoque le complément. De, au contraire, sert à construire le terme qui évoque soit
le point d’origine d’un mouvement soit la masse d’où l’on préfère quelque chose. C’est
ainsi qu’à l’époque classique un verbe tel qu’emprunter admettait un complément construit
soit avec à, soit avec de, suivant que l’on avait en vue l’une ou l’autre de ces relations:
emprunter quelque chose à quelqu’un / de quelqu’un.
Graphiquement, on peut illustrer les deux régimes syntaxiques de à, présentés ci-
dessus, comme suit :
sujet objet direct objet indirect
Sophie donne des bonbons à son frère.
sujet objet direct objet indirect
Les campeurs suisses demandent des informations à monsieur Bonami, le fermier.
La préposition à sert également à construire le complément indirect d’un verbe
employé intransivement. Dans ce cas, le sens de à dépend beaucoup du sens de l’énoncé.
Comparons :
Ba pense à ses parents.
Cette réponse équivaut à un refus.
Les groupes prépositionnels à ses parents et à un refus sont des compléments
nécessaires de pense et équivaut. Ils se trouvent dans un même type de construction
syntaxique verbe+à+quelqu’un (quelque chose) ; ils ne peuvent pas être placés à un autre
endroit dans la phrase. Leur fonction syntaxique les situe dans le groupe du verbe, et comme
complément de celui-ci, pas de la phrase. Pourtant, la valeur sémantique de la préposition à
n’est pas identique dans les deux cas (en vietnamien on peut les traduire respectivement par
ñeán et vôùi). Il est à remarquer que le verbe penser peut admettre une construction directe et
une autre construction indirecte avec de : penser quelque chose / penser de quelque chose.
Il est arrivé qu’entre l’époque classique et l’époque moderne, on ait choisi et fixé une
construction de préférence à l’autre. Quand, en français moderne, un verbe admet encore un
complément introduit soit avec de, soit avec à, la différence est celle qui vient d’être
indiquée.
On retranche quelque chose de ses revenus.
On retire un objet fragile des mains d’un enfant.
On retire un privilège à quelqu’un.
Mais la seule valeur attributive de la préposition à se trouve déjà dans beaucoup de
contextes, avec des nuances différences. Examinons cette préposition dans trois groupes de
verbes : le verbe est un transitif direct « complexe »; le verbe est transitif indirect
« souple »; le verbe est transitif indirect « rigide ».
Pour le premier groupe, le verbe appelle un complément d’objet direct et un
complémént d’objet indirect. Dans cette construction, la préposition à prend la valeur
attributive.
Je te donnerai mon adresse.
Pierre m’a écrit un poème.
Marie leur a raconté une histoire.
Les verbes du type donner, raconter ou écrire, qui sont des verbes transitifs
complexes, font le plus souvent l’économie du COD, car celui-ci est inclus intrinsèquement
dans le sémantisme du verbe (on donne / écrit / raconte quelque chose à quelqu’un). Plutôt
que de parler de COI ou de COS, dans le cas des verbes transitifs complexes, il semblerait
plus judicieux, pour ce qui concerne l’enseignement du français langue étrangère, de parler
de destinataire du procès, car ces compléments indirects représentent le plus souvent des
acteurs humains qui reçoivent l’objet direct.
Pour les verbes qui sont transitifs indirects « souples », la préposition à implique un
rapport de destination (quelquefois un rapport d’attribution). Ces verbes ne peuvent pas
avoir de complément d’objet direct, mais exigent un complément d’objet indirect.
Je te parle, mais tu ne m’obéis pas.
Tu me ressembles et ça ne me plaît pas toujours.
Parler, ressembler, téléphoner, répondre, obéir, plaire sont des verbes transitifs
indirects « souples ». Pour cette catégorie de verbes, la préposition à, marquant la présence
d’un complément indirect, s’efface lors de la pronominalisation, d’où l’appellation de
verbes transitifs indirects « souples ». Les compléments sont indirects parce que les acteurs
humains, que le procès du verbe mobilise, ne sont pas nécessairement des destinataires (ils
ne reçoivent pas quelque chose) mais ils jouent, indirectement, un rôle dans la réalisation du
procès qui, sans eux, semblerait incomplet. C’est pour cette raison que, en cas d’absence du
complément indirect, l’interlocuteur devra se l’imaginer, pour que le procès fasse sens (il
obéit, tu ressembles, cela plaît, je parle... mais à qui?).
Pour le troisième groupe, celui des verbes transitifs indirects « rigides », la
préposition à prend une valeur plutôt « directive » qu’attributive, ce qui explique pourquoi
ces verbes sont fortement régis par la préposition à qui ne s’efface pas lors de la
pronominalisation personnelle : Il tient à moi, je pense à toi... Pourtant si le complément
représente une chose ou une idée, c’est la forme pronominale y qui prend sa place.
- Que dit Marie du prochain départ de Pierre?
- Elle y pense sans cesse.
Dans les trois groupes de verbes examinés ici, la préposition à établit entre le verbe
et son complément une relation nécessairement indirecte. Mais puique ce complément a une
valeur tantôt attributive, tantôt non-attributive, on pourrait parler de ce pronom complément
comme d’un complément prépositionnel. Son usage exige alors qu’on ne mélange pas ses
constructions pronominales :
Il t’obéit et il pense à toi.
Je vous téléphone et je tiens à vous.
Bien qu’il existe, d’un point de vue normatif, une réelle différence d’emploi entre y
et à lui, il arrive qu’on neutralise cette différence en employant, dans la conversation
ordinaire, y comme pronom de reprise d’un nom de personne. Souvent, cet emploi a un sens
péjoratif.
Ce type, je n’y pense plus.
La pronominalisation de à n’est pas un mécanisme facile à mettre en place pour un
usager étranger et on retrouvera souvent des erreurs du type:
*Mes parents sont partis, je leur pense tout le temps.
2.12.2. Les valeurs sémantiques de la construction à+infinitif
Dans ce type de construction, on peut distinguer deux groupes : être, avoir d’une part
et les autres verbes, de l’autre. Le groupe des verbes être et avoir constitue une périphrase
dans laquelle avoir+à+infinitif évoque une éventualité ou une obligation, alors que
être+à+infinitif évoque, suivant le cas, une conséquence, un état en cours ou une obligation.
La préposition à, dans le cas d’obligation, peut être remplacé par pour.
Nous avons des problèmes à vous réclamer.
J’ai un exercice à faire ce soir.
Le temps est à pleuvoir.
Il est toujours à travailler.
Après les autres verbes, à introduit un infinitif qui peut comporter une variété de sens
selon que l’agent de l’infinitif est l’agent du verbe principal ou l’objet de ce dernier. Dans la
plupart des cas, la préposition à n’existe que pour une raison syntaxique.
J’ai réussi à faire ce que je voulais.
Notre tâche consiste à les convaincre de cette nécessité.
Elle oblige son fils à faire ses devoirs.
Cependant, elle peut exprimer le but dans certains contextes et on peut la remplacer
par pour, afin de...
Il donne des chaussures à réparer.
Elle aide sa mère à laver les vêtements.
En français, la plupart des compléments sont liés au verbe soit par la préposition à
soit par la préposition de. Beaucoup d’entre eux se construisent avec les deux et possèdent
parfois même trois régimes : demander quelque chose, demander de faire quelque chose,
demander à faire quelque chose / continuer quelque chose, continuer à faire quelque chose,
continuer de faire quelque chose / gagner quelque chose, gagner à quelque chose, gagner
en quelque chose / convenir que, convenir à quelque chose, convenir de quelque chose... Il y
a des verbes dont les constructions ne se différencient pas sur le plan sémantique vu que
certaines constructions sont rares et d’un caractère prétentieux (aimer, aimer à).
La préposition à possède ainsi une riche possibilité de valeurs. Dans certaines
structures, on reconnaît facilement son sens (le lieu, le temps, la destination... ). Dans
d’autres, elle se prête à un usage plutôt conventionnel que motivé. Dans certains cas elle
provoque l’ambiguïté mais celle-ci est facilement levée grâce au contexte. On sait bien que
le sens d’une expression ou d’un mot dans un énoncé dépend de deux facteurs: l’apport
propre de l’expression ou du mot en question, qui ne dépend que de sa forme, et l’apport du
reste de l’énoncé. Ces deux facteurs interagissent pour donner à la fois le sens global de
l’énoncé et « une part » de ce sens à l’expression ou au mot qui figure dans l’énoncé. C’est
pour cette raison que souvent, comme de, la préposition à est considérée comme
« lexicalement vide », et son apport propre comme réduit au minimum, car son sens dans un
énoncé donné dépend de son interaction avec le reste de l’énoncé, particulièrement avec les
deux syntagmes qu’elle relie.
Pourtant, la complexité de l’emploi de à constitue un apport indispensable au bon
fonctionnement du langage. Elle donne une grande souplesse à l’expression langagière. Les
« jeux » de langage offerts par la préposition à sont une source incontestable de la richesse
et de la finesse de la langue.
Pour conclure cette partie, nous aimerions citer GRÉVISSE en estimant que « La
syntaxe des compléments et des prépositions, en effet, n’est pas simple, elle a ses chemins,
nombreux, avec leurs carrefours, leurs ornières et leurs fondrières même, où les maladroits
s’achoppent, s’embourbent et tombent dans le mauvais style ou dans l’incorrection
caractérisée. Il importe de bien choisir la préposition pour introduire correctement le
complément. Dans certains cas, il y a lieu de tenir compte de l’aspect sémantique de
l’expression. Dans nombre d’autres cas, c’est simple affaire de style ou respect de l’usage »
(1992, p. 3).
CHAPITRE 3
VERS UNE ÉTUDE CONTRASTIVE : À TRADUIT EN
VIETNAMIEN
On connaît mieux sa langue maternelle en se penchant sur d’autres langues, et vice
versa. Pour GERMAIN (1983, p. 30), la problématique fondamentale de l’apprentissage
d’une langue seconde, c’est d’abord l’obligation de tenir compte de ce qui existe déjà,
ensuite c’est l’impossbilité de déstructurer cet acquis, en fin, la nécessité d’y supperposer de
nouvelles habiletés et connaissances. LADO (1957, p. 70) préconise l’élaboration de
descriptions contrastives à la finalité pédagogique. Son hypothèse se réfère de façon plus ou
moins explicite, néanmoins claire, à une théorie de l’interférence selon laquelle, d’une part,
les individus tendent à transférer dans la langue étrangère, en production et en réception, les
caractéristiques formelles et sémantiques de leur langue maternelle. D’autre part, ce qui est
similaire est facilement transféré, donc facile à apprendre, ce qui est différent donne lieu à
transfert négatif - ou interférence - et donc à des erreurs, manifestations des difficultés à
apprendre.
Les représentations des apprenants ont comme corollaire le façonnement d’attitudes
spécifiques vis-à-vis des stratégies d’apprentissage et du contenu enseigné. Deux domaines
dans l’enseignement-l’apprentissage d’une langue étrangère se prêtent particulièrement bien
à un travail sur les représentations et les attitudes: d’une part tout ce qui a trait à la
dimension interculturelle et d’autre part tout ce qui relève des représentations
métalinguistiques. Dans chacun des domaines, il s’agit d’aider l’apprenant à clarifier son
image des liens et des différences qui existent entre sa langue d’origine et sa culture et celles
du pays-cible. À travers cette démarche effectuée avec l’apprenant, on peut espérer atteindre
un objectif pédagogique fondamental qui est celui de donner ou de redonner davantage de
sens à la situation d’apprentissage, de stimuler la motivation, le plaisir et l’effort
d’apprendre. Il est donc important que les enseignants de langue mettent en valeur les
interférences positives tout en prévenant des interférences négatives de la langue maternelle
en langue étrangère. C’est la raison d’être de la troisième partie de ce mémoire. Cependant,
procéder à une comparaison contrastive exhautive serait un travail énorme qui nécessiterait
beaucoup de temps, même si ces phénomènes avaient fait l’objet des études très poussées
dans les deux langues. Nous nous limitons donc à une étude contrastive entre à et ses
équivalents vietnamiens en sens unique, c’est-à-dire du français vers le vietnamien.
La question de l’utilisation ou de la non-utilisation de la langue maternelle en classe
de langue dépasse largement le propos de ce mémoire. Mais, d’après CUQ (1996, p. 43),
quelle que soit la réponse méthodologique qu’on lui apporte, l’expérience montre que la
langue maternelle constitue toujours pour l’apprenant de langue étrangère un point de repère
fondamental. Certes, toutes les situations didactiques ne sont pas également favorables, il
peut parfois mettre en œuvre, à telle ou telle étape de son action didactique, des techniques
largement fondées sur les connaissances grammaticales qu’il a des langues en contact.
D’après CUQ (1996, pp 43-46), l’analyse contrastive ne peut pas répondre à coup sûr
à la question « pourquoi un apprenant commet-il telle ou telle erreur ?», elle permet au
moins de systématiser a posteriori, par la comparaison de micro-structures, des
constatations empiriques qui ont des probabilités importantes de renouvellement chez des
sujets comparables. Un intérêt supplémentaire des études contrastives, au niveau de la
description et de la confrontation simple des systèmes linguistiques, est de connaître les
bornes des interactions inévitables entre les systèmes mis plus ou moins consciemment en
présence par l’apprenant, c’est-à-dire le terminus a quo constitué par le système de la langue
de départ, et le terminus ad quem constitué par la langue-cible. Pour le didacticien toutefois,
cette confrontation des systèmes n’a pas pour objet d’établir une typologie linguistique mais
plutôt une typologie des processus d’apprentissage qui sont largement conditionnés par les
systèmes linguistiques connus de l’apprenant. Il est vrai aussi que la pratique contrastive
n’est pas toujours possible mais qu’elle dépend de la situation d’enseignement -
apprentissage dans laquelle on se trouve et en particulier de deux paramètres: l’enseignant et
le groupe classe. Pour l’enseignant, il doit être bilingue (langue source et langue - cible) ou
s’il ne l’est pas, il doit appartenir à une équipe dans laquelle se trouvent des parleurs natifs
des deux langues en présence. Pour le groupe classe, il doit être autant que possible
homogène, ce qui est la majorité des cas dans ._.ne robe
de laine
Un sac en
cuir
Qui est fait
de...
Prix Un
timbre à
deux
francs
Une
chambre
à deux
cents
francs
Des
pommes
à trois
francs le
Qui coûte...
kilo
Contenu/valeur Une bouteille de vin
Une tasse de café
Un appartement de
quatre pièce
Une famille de trois
enfants
Plein de...
Composé de...
Ayant la valeur de...
Constitution
Accompagnement
(avec)
Une voiture à
embrayage
automatique
Une chambre à deux
lits
Une glace à la vanille
La Vierge à l'enfant
Dans lequel il y a...
Qui a...
Qui comporte...
Avec...
Qui est accompagné de...
Circonstance Salle de bains
Robe d'été
Maison de campagne
Lunettes de soleil
Chaussures de ski
Train de nuit
Objet utilisé...
Objet utilisé... dans telle
circonstance
Usage Un couteau à pain
Une tasse à thé
Une salle à manger
Qui est pour...
Qui sert à...
Archipel 1, livre du profeseur, p. 82
4.2.1.4. Mise en application
L’application en classe est réalisée à travers des exercices et d’autres activités
d’apprentissage. Les exercices, particulièrement l’exercice grammatical, est inhérent à toute
classe de langue. « L’exercice comme technique d’apprentissage traverse les modes et
constitue une composante essentielle de toutes les méthodes de langues, quelles que soient
par ailleurs leurs options linguistiques et méthodologiques » (VIGNET, 1982, p. 71).
D’après BESSE et PORQUIER, (1984, p. 121), didactiquement, on leur reconnaît
habituellement une double fonction, qui est de parfaire un apprentissage et d’en permettre le
contrôle: fonction d’entraînement et d’évaluation. Psychologiquement, on considère les
exercices soit comme facteur lié à la mémorisation et se combinant à d’autres activités
d’apprentisage.
A notre avis, l’application ou les exercices peuvent avoir plusieurs fonctions.
D’abors, ils ont la fonction de sensibilisation. Il peut s’agir soit d’une sensibilisation avant
l’étude d’un point de langue (par exemple, sensibilisation aux différentes valeurs d’une
forme dans la communication), soit d’une sensibilisation postérieure, visant à élargir l’objet
d’étude. Ensuite, les exercices ont la fonction d’entraînement. S’agissant d’exercices de
grammaire, on songe ici aux exercices systématiques, visant l’apprentissage de formes ou
d’emplois dans le discours. Puis, on peut parler de la fonction de structuration, celle qui
conduit l’apprenant à consolider de nouvelles représentations. Enfin, la quatrième fonction
des exercices, c’est celle d’évaluation. Selon les cas, la compétence linguistique est évaluée
au cours des activités de production langagière, ou au contraire, par des activités
grammaticales spécifiques.
Pour la phase de l’application, le professeur peut choisir des exercices et des activités
adaptés au niveau, aux besoins des apprenants, au temps permis... Des activités et des
exercices doivent être variés et attrayants. L’application sur place est efficace pour la
compréhension et la mémorisation des règles grammaticales. C’est pourquoi le professeur
doit programmer les contenus à enseigner pour un temps donné, afin que les apprenants
puissent avoir l’occasion de mettre en pratique ce qu’ils viennent d’apprendre. Les règles
grammaticales en langue étrangère, même lorsqu’elles sont simples et faciles à saisir,
demandent un processus de mémorisation et surtout de réutilisation. Hors de contexte, une
préposition comme à est souvent « vide » de sens, ce qui veut dire qu’elle peut se présenter
dans bon nombre de constructions syntaxiques en prenant des valeurs différentes, parfois
avec une ambiguïté (acheter quelque chose à quelqu’un). L’application systématique de
cette préposition a l’avantage de permettre aux élèves de l’identifier en fonction du contexte
où ils la trouve. Le professeur peut encourager les apprenants à chercher des constructions
syntaxiques et des valeurs sémantiques de à dans les livres, les journaux, et ils s’habituent
ainsi au travail individuel en forgeant pour eux-mêmes la capacté en lecture.
En nous basant sur les caractéristiques du processus de l’enseignement-
apprentissage, les singularités de la préposition à en français, ainsi que les possibilités de sa
traduction en vietnamien, nous proposons quelques types d’exercices que le lecteur trouvera
à la fin de ce mémoire. Ces exercices ne sont probablement pas parfaits au point de vue
didactique, mais ils reflètent notre position actuelle, tant sur le plan linguistique que sur le
plan pédagogique. Ils demandent donc à être perfectionnés au cours de notre carrière
d’enseignant.
4.2.1.5. Évaluation
L’évaluation est une phase importante dans l’enseignement. À travers l’évaluation,
l’enseignant et l’apprenant sont informés du fait où ils sont sur l’itinéraire d’apprentissage,
si les objectifs sont atteints, quelles sont les lacunes, les difficultés des apprenants, d’où ils
peuvent trouver des mesures susceptibles d’améliorer le processus enseignement-
apprentisage.
TAGLIANTE (1991, pp 14-16) mentionne trois fonctions de l’évaluation avec les
outils. Ce sont les objectifs possibles de l’évaluation scolaire et on les classe en partant des
moments où elles interviennent dans le cursus: avant, pendant et après l’apprentissage (le
pronostic, le diagnostic et l’inventaire). En ce qui concerne les outils d’évaluation, ils sont
extrêmement divers, des plus fermés, mesurables aux plus ouverts, appréciables. Toute une
gamme d’outils plus ou moins ouverts peut être élaborée pour permettre d’évaluer les
différents objectifs d’apprentissage. Il est important que le professeur sache, d’une part, quel
moyen utiliser pour quel objectif dans l’enseignement de la préposition à, d’autre part,
comprendre et analyser les devoirs des apprenants. L’analyse des devoirs, surtout des
erreurs (ce qu’on fait après avoir contrôlé les connaissances des apprenants sur à) a un
double objectif, l’un théorique: mieux comprendre le processus d’apprentissage de à; l’autre
pratique: améliorer l’enseignement. Et ceux-ci doivent s’articuler l’un avec l’autre. Les
erreurs commises par les apprenants sont à l’origine soit de l’interférence du vietnamien sur
le français, soit de la mauvaise compréhension du contexte de à, soit de l’impossibilité à
distinguer cette préposition des autres. Avec chaque type d’erreur, on doit donc avoir des
outils appropriés capables de rendre fiable le résultat du travail d’évaluation.
4.2.2. Propositions d’exercices et d’activités
4.2.2.1. Critères de choix
La diversité de leurs appellations courantes et de leurs présentations, la non
explicitation de leurs principes et de leurs finalités font que les exercices utilisés en classe
de langue ne sont pas faciles à classer en types clairement distincts. Et leur typologie peut
varier considérablement selon les critères adoptés pour les distinguer. Les formes des
exercices sont très diverses, mais on peut dire que pour la plupart d’entre eux, la forme ne
dit rien de la fonction. D’après BASTUJI (1977), cité par BESSE et PORQUIER (1984, p.
123), il y a des paramètres dont il faut tenir compte dans le choix des exercices: origine des
exercices, domaine linguistique traité, modèle métalinguistique impliqué, travail demandé
aux étudiants, exécution collective ou individuelle, corection immédiate ou différée, par le
maître ou par le groupe... De plus, un exercice n’est pas, en principe, destiné à introduire des
éléments nouveaux dans l’apprentissage, mais à assurer ou à renforcer l’acquisition des ceux
qui ont été déjà présentés, qu’ils relèvent d'une description grammaticale ou de langue
même.
On ne peut pas dire que tel exercice est difficile et tel autre est facile. Alors nous
avons classé les exercices qui demandent la mobilisation des niveaux taxonomiques d’après
l’ordre croissant (des niveaux les plus bas aux niveaux les plus hauts). Les exercices et les
activités proposés ici ont certainement pour public les apprenants vietnamiens en classe de
français langue étrangère. On peut les faire en classe ou à la maison (avec le corrigé).
Le premier critère sur lequel nous nous basons concerne les connaissances
linguistiques. D’abord, ce sont les constructions syntaxiques et les valeurs sémantiques de la
préposition à (exercices 1, 5, 6). Ensuite, c’est la distinction entre à et les autres
prépositions qui entrent en opposition (syntaxique et sémantique) avec elle à travers les
exercices 2, 4 et 5. La préposition à est traduite en vietnamien par de différents termes, donc
les exercices 8 et 9 demandent aux apprenants des connaissances linguistiques à la fois en
vietnamien et en français.
Le critère didactique est pris en compte à travers la diversification, l’authenticité, la
ludicité des exercices. La mobilisation des connaissances grammaticales chez les apprenants
est réalisée à travers de différents types d’exercices. On peut y trouver des exercices à trou
(exercice 2, 5) ou des exercices structuraux (exercice 3). Il y a des exercices écrits et des
exercices oraux. La production libre et la production guidée sont à exiger dans les exercice
11 et 12. Il faut rappeler que si les adultes acceptent avec résignation de se confronter aux
dures règles qui régissent le système langagier, les enfants expriment souvent leur
anthipathie pour ce domaine qui n’a, pour eux, aucun lien avec leur réalité. C’est pourquoi
l’activité ludique et l’authenticité sont proposées à travers les jeux et une chanson française.
On peut motiver et encourager la réflexion chez les apprenants avec l’exercice 13. Les
apprenants peuvent y trouver, en plus, des connaissances culturelles à travers les exercices,
surtout dans celui consistant à trouver des proverbes français.
4.2.2.2. Exercices et activités
Exercice 1: Reliez les éléments pour en faire des phrases.
a. Je dois acheter des livres 1. station Odéon.
b. Nous allons chercher notre enfant au 2. hôtel Rive gauche.
c. Maryse est en train de faire des courses à la 3. librairie Le Divan.
d. Dominique prend le métro à l’ 4. supermarché.
e. Paul a une chambre 5. crèche.
Exercice 2: Complétez par à, en, dans, sur, chez, par, de, au.
a. Ma mère travaille ....mi-temps.
b. Il habite....Paris ou ...banlieue?
c. Il achète un appartement...le 8è arrondissement....premier étage.
d. Elle passe ses vacances.....la Côtes d'Azur ou...les Pyrénées?
e. Il travaille....l’EDF ou ....Renault?
Exercice 3: Lisez les situations puis écrivez les phrases dans ces contextes d’après le
modèle.
Modèle: Les jeunes gens veulent visiter la maison.
- Pourquoi est-ce que la vieille dame est surprise?
- Parce que la maison n'est pas à vendre.
1. Monsieur Dubois va quitter Paris. Il veut vendre ou louer sa maison. Qu’est-ce qu’il écrit
sur sa maison?
..................................................................................................
2. Vous parlez à un ami d'un livre que vous aimez beaucoup et vous lui dites qu’il faut le
lire et relire.
.....................................................................................................
3. Tu as vu ce film? Il est excellent, n’est-ce pas?
.....................................................................................................
4. Ce devoir est très mauvais. Il faut le refaire. Qu’est-ce que le professeur a écrit sur la
feuille?
.......................................................................................................
Exercice 4: Repérez les fautes puis corrigez-les dans les phrases suivantes.
a. Ce livre est facile de lire.
b. As-tu la vue à la mer de la fenêtre de ta chambre?
c. Remerciez à votre ami de sa gentillesse.
d. Je rêve à partir en vacances.
e. Ses amis? Il les fait chanter une chanson française.
Exercice 5: Complétez, si nécessaire, par une prépsition les verbes suivants.
Depuis que ma cousine est tombée amoureuse..(1)... un garçon, elle est totalement
différente. Elle sourit ....(2) ...tout le monde. Elle écrit....(3)...sa meilleure amie une fois par
jour. Elle téléphone .....(4)...ses parents tous les soirs. Elle parle.....(5)... sa voisine pendant
des heures. Elle veut.....(6)... travailler pour une autre banque. Elle s'intéresse.......(7)...sport.
Elle croît.....(8) ...astrologie. Elle joue.....(9)... loto. Elle a besoin....(10)...sortir le week-end.
Elle a envie....(11)...voyager. Elle adore....(12)...cuisiner. Elle apprend....(13)... conduire une
moto. Bien sûr, elle nous parle.....(14)... son fiancé chaque jour et elle espère....(15)... se
marier bientôt!
Exercice 6: Faites des phrases à partir des mots suivants en utilisant une préposition si
nécessaire.
a. il, chapeau, tête, bâton, main.
b. vous, pensé, ce que, faire.
c. il, penser, premiers dîners, lampe.
d. elle, gagner, connue
Exercice 7 : Choississez la bonne préposition et retrouvez ces proverbes français.
a. À/Dans la Chandeleur, l’hiver se passe ou prend vigueur.
...........................................................................................................................
b. Rome ne s'est pas faite dans/à/ en un jour.
................................................................................................................................
c. Petit avec/à/de petit, l'oiseau fait son nid.
.................................................................................................................................
d. À/En Mai, fais ce qu’il te plaît.
..........................................................................................................................
Exercice 8: Traduisez ces phrases en vietnamien.
a. Il parle aux petits garçons et aux petites filles, il sourit aux mères.
..............................................................................................................................
b. Voulez-vous me donner à manger et à coucher?
................................................................................................................................
c. Les enfants font écouter des disques à ses copains.
..............................................................................................................................
d. De tous les biens de sa famille, il reste à Pierre six couteaux à pain, fourchettes, cuillers,
assiettes et deux chandeliers d’argent
...............................................................................................................................
e. L’homme se met à manger.
.........................................................................................................................
Exercice 9: Traduisez les phrases suivantes en français.
a. Đó là một em bé gái khoảng 2, 3 tuổi.
..............................................................................................................................
b. Trong ngôi nhà, không một cái cửa sổ nào có khóa.
..............................................................................................................................
c. Mọi người đều có việc phải làm.
...........................................................................................................................
d. Màn đêm bắt đầu buông xuống, và dù không ăn tối cũng phải nghĩ đến lúc về nhà.
........................................................................................................................
Exercice 10: Écoutez puis cherchez dans la chanson suivante les emplois différents de la
préposition à.
Exercice 11: Racontez votre voyage dernier par l’écrit (environ 200 mots), repérez dans
votre devoir les constructions de la prépositions à, puis dites quelles sont les valeurs
sémantiques de à dans ces cas.
Exercice 12: Jeux.
La classe est divisée en trois groupes, le premier groupe joue le rôle du jury, les
élèves du deuxième groupe posent des questions à ceux du troisième groupe pour qu’il y ait
toutes les réponses avec la préposition à (10 questions pour chaque groupe, les gagnants
recevront des livres), puis on change de rôle avec les situations de communication
suivantes:
a. à/lieu/voyages.
b. à/heure/loisirs.
c. à/manière/vêtements.
Exercice 13: Trouvez un extrait de journal ou de littérature (environ 100 mots), puis
repérez les prépositions avec leurs emplois que vous avez appris dans ce paragraphe.
CONCLUSION
Il est temps pour nous de jeter un regard rétrospectif sur les principales étapes
parcourues pour pouvoir faire une auto-évaluation. Notre travail a été conçu comme un
questionnement linguistique à orientation pédagogique. Les études sur l’emploi des
prépositions en français en général et de la préposition à en particulier, avec une analyse
contrastive, suggèrent en effet des applications à la fois linguistiques et didactiques pour
notre travail d’enseignant.
Dans toutes les langues, les prépositions jouent le rôle de liaison entre les mots de la
phrase. En français, l’utilisation de celles-ci, surtout de à, est souvent considérée comme un
chemin avec des carrefours, avec de multiples possibilités de sens. Appelée mot
lexicalement « vide », elle possède pourtant des valeurs sémantiques différentes, grâce à son
interaction avec une grande diversité de contextes où elle peut se trouver. Il existe des cas
où à se prête facilement à une interprétation sémantique, mais il y en a aussi où elle s’efface
sur le plan logique pour céder la place à un usage plutôt de caractère conventionnel. En
outre, avec cette préposition, on peut avoir de différentes valeurs pour un même type de
construction (J’achète un stylo à bille à Pierre). La confrontation du français avec le
vietnamien fait ressortir encore des facteurs socio-culturels dont on doit tenir compte pour
obtenir des traductions exactes lorsque l’on passe d’une langue à l’autre. Enfin,
l’interférence du vietnamien sur le français au cours de l’apprentissage de ce dernier
représente aussi un problème que l’enseignant doit connaître pour savoir le résoudre
convenablement.
À l’origine, notre travail de recherche était une simple tentative de répertorier les
constructions syntaxiques et les valeurs sémantiques de la préposition à. Mais nous nous
sommes vite aperçue que l’analyse contrastive ne doit pas viser uniquement à une
connaissance linguistique sur une partie quelconque du discours, mais encore à sa mise en
application. Nous avons donc trouvé indispensable d’aborder la question posée également
dans son aspect didactique, ce qui nous a obligée de nous pencher sur les caractéristiques de
notre langue maternelle, ainsi que sur la façon de mettre en évidence les deux terrains
correspondants des deux langues. Nous avons recouru aux connaissances de base que nous
avions acquises au cours de nos apprentissages et de nos lectures pour mettre au clair les
degrés de correspondance entre à du français et ses équivalents en vietnamien. L’analyse
contrastive, ainsi que les démarches pédagogiques que nous avons proposées, sont le
résultat de nos premières réflexions dans ces domaines. Les propositions didactiques, elles,
ont été faites dans l’espoir qu’elles seront prises en compte et appliquées, dans les mesures
du possible, en vue d’aider les apprenants à minimiser, sinon à éviter, des éventuelles
erreurs.
Dans le vaste ensemble des questions syntaxiques du français, le problèle de la
préposition à, ne représente certes qu’un point minime. Mais elle partage ses
caractéristiques avec beaucoup d’autres prépositions. Nous avons vu que de, sur, en,
pendant…ne sont pas moins polysémiques que à, quand ils s’emploient dans leurs propres
contextes. L’étude sur à nous permet donc de voir déjà les particularités générales de toute
une classe de mots, ainsi qu’une pédagogie appropriée pour l’enseignement de cette classe
de la langue française.
Nous sommes consciente que ce travail n’est qu’un début de la recherche, qu’il est
loin d’être parfait et exhautif. Il appelle par conséquent des modifications, des apports et des
approfondissements. Mais nous sommes consciente aussi d’avoir trouvé des éléments de
réponse pour les questions posées. Ces réponses ne peuvent pas être non plus regardées
comme satisfaisantes, car notre liste des emplois de la préposition à et de ses équivalents en
vietnamien demande à être complétée. Mais notre aspiration à une meilleure connaissance
des deux langues, vietnamienne et française, pour un but éducatif, reste inchangée, ce qui
nous demande d’envisager d’autres projets dans la perspective déjà tracée, celle d’étude
contrastive de l’usage prépositionnel. On peut croire que c’est ambitieux, mais pour nous,
c’est un devoir à remplir pour le métier d’enseignant que nous avons choisi et pour lequel
nous ne ménagerons pas notre peine. Comme les limites et les erreurs de ce travail sont
inévitables, nous souhaitons recevoir de la part des lecteurs des remarques, des observations,
grâce auxquelles nous pourrions approfondir nos connaissances et améliorer la qualité de
notre travail d’enseignement.
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ANNEXES
I. Suggestion de corrigés
Exercice 1:
a. Je dois acheter des livres à la librairie Le Divan.
b.Nous allons chercher notre enfant à la crèche.
c. Maryse est en train de faire des courses au supermarché.
d. Dominique prend le métro à la station Odéon.
e. Paul a une chambre à l'hôtel Rive gauche.
Exercice 2: a. à; b. à, en; c. dans, au; d. sur, dans; e. à, chez
Exercice 3:
a. Maison à vendre ou à louer
b. C'est un livre à lire et à relire
c. Oui, c'est un film à voir
d. Ce devoir est à refaire
Exercice 4: 1. à; 2. sur; 3. Ø; 4. de; 5. leur
Exercice 5: 1. d'; 2. à; 3. à; 4. à; 5. à; 6. Ø; 7. au; 8. à l'; 9. au; 10. de; 11. de; 12. Ø; 13. à;
14. de; 15. Ø
Exercice 6:
a. Il a son chapeau sur la tête et son bâton à la main.
b. Vous avez pensé à ce que vous ferez?
c. Il pense aux premiers dîners à la lampe.
d. Elle gagne à être connue.
Exercice 7:
a. À la Chandeleur, l'hiver se passe ou prend vigueur.
b. Rome ne s'est pas faite en un jour.
c. Petit à petit, l'oiseau fait son nid.
d. En Mai, fais ce qu'il te plaît
Exercice 8:
a. Ông nói chuyện với các cậu bé trai và các bé gái. Ông mỉm cười với những người mẹ.
b. Ông có cho tôi ăn và ngủ không?
c. Bọn trẻ mở nhạc cho các bạn chúng nghe.
d. Trong số tài sản của gia đình, Pierre chỉ còn giữ được sáu bộ đồ ăn gồm dao cắt bánh mì,
nĩa, thìa, đĩa và hai cây đèn sáp bằng bạc.
e. Người đàn ông bắt đầu ăn.
Exercice 9:
a. C'est une petite fille de 2 à 3 ans.
b. La maison n'a pas une porte qui ferme à clef.
c. Tous ont leur tâche à remplir.
d. Le soir commence à venir, et, même sans dîner, il faut songer à rentrer à la maison.
Exercice 10:
- à: sert à construire un complément circonstanciel de manière (à deux), de lieu (au
Portugal, au fil de l'eau).
- à: sert à construire un complément d'objet indirect du verbe avec la valeur attributive (vous
raconter, m'est arrivé).
- à: sert à construire un infinitif en fonction de déterminant d'un verbe (s'est mis à chanter).
- à: sert à construire une locution (navire à quai=rangé au long du quai)
Exercice 11: Production libre.
Exercice 12: Production libre.
Exercice 13: Extraits aux choix des apprenants.
II. Transcription sonore de la chanson.
Avril au Portugal
Yvette Giraud
Je vais vous raconter
Ce qui m'est arrivé
Sous un ciel où l'été
S'attarde
Histoire d'amoureux
Voyage aventureux
Que pour les jours heureux
Je garde
Un grand navire à quai,
Le soir sous mes yeux clos
Glissant au fil de l'eau
Je vois par le hublot
La rive
Des voiles de couleur
De lourds parfums de fleurs
Des chants de bateleurs
M'arrivent...
La foule débarquait
Des yeux sous des bouquets
Regardent
L'amour devait rôder
Puisqu'on s'est regardés
Et que mon coeur s'est mis à chanter...
Refrain:
Avril au Portugal,
À deux c'est idéal,
Là-bas si l'on est fou,
Le ciel l'est plus que vous,
Pour un sentimental
L'amour existe-t-il
Ailleurs qu'au Portugal
En Avril.
Tout ça berce mon coeur
D'un rêve de bonheur
Dont les regrets
Ailleurs
Me suivent,
L'amour devait savoir
En nous suivant le soir
Que j'aimerais un jour la revoir...
(Refrain)
._.
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